Depuis
plusieurs mois la construction de minarets est, en Suisse, au centre
du débat politique, comme s’il s’agissait d’un problème
primordiale pour le bien de la nation. Ainsi, il y a trois semaines
un million et demi de suisses et suissesses, chacun et chacune avec
sa “bonne raison”, ont voté oui à l’inscription dans la
constitution fédérale de l’interdiction de construire des
minarets.
La
principale force politique qui a soutenu cette initiative est l’UDC.
Bien que nous connaissions les positions de cette formation, déjà
bien avant cette votation, quelque chose cette fois a changé. On
savait que c’était une force politique d'extrême droite,
nationaliste et xénophobe. Nous étions habitués qu’elle rejette
toute “intrusion” étrangère, noire ou blanche, européenne ou
d’autres continents, économique ou culturelle.
Son
discours s’est toujours fondé sur l’adhésion à des valeurs et
des symboles prétendus Suisses, ce qui laissait quand même un
certain flou. Qu’est-ce être suisses? L’UDC utilisait des croix
blanches sur un fond rouge, des Guillaume Tell ou des cors des alpes
pour représenter la Confédération. Alors que les étrangers
étaient mis en image par des symboles de diversité, bien-sûr
scandaleux, mais qui ne ciblaient pas directement et ouvertement une
population précise. Mettre sur une affiche des corbeaux, des
moutons, ou des mains “étrangères” anonymes, pour représenter
l’ennemi venant d’ailleurs, est certainement problématique et
nous l’avons toujours dénoncé. C’est toutefois autre chose que
de cibler une communauté spécifique présente sur le territoire
national, comme c’est le cas de la communauté musulmane.
Avec
l’introduction de la discrimination ciblée, la radicalisation de
la politique de l’UDC est en effet déclarée. Les musulmans ont
été choisis comme les ennemis de la nation, sans qu’aucune
argumentation sérieuse puisse soutenir ce choix. Ainsi, l’UDC est
devenu ouvertement un parti anti-musulman, ce qui évoque une
discrimination explicite d’une partie de la population y compris
des suisses ayant adhéré à cette religion. Cette discrimination
devient un élément qui pourrait même être qualifié de
fascisation de la politique de ce parti.
Cette
pratique n’est cependant pas nouvelle sur le plan international.
L’islamisation de l’occident, comme elle est appelée par
les nationalistes, est devenue le nouveau “complot mondial” à
combattre. George Bush et sont entourage l’ont inventé, avec le
soutient des néo-libéraux européens, afin de justifier les guerres
impériales en Afghanistan et en Irak. Ils ont construit un sentiment
anti-musulman partout en occident. Un cadeau bienvenu auprès des
nationalistes et les obscurantistes. Avec l’approbation de
l’initiative populaire anti-minarets il faut se demander comment
est-il possible qu’une démocratie, où le peuple est souverain,
accepte de discriminer une population, à l'occurrence avec l’excuse
de l'appartenance religieuse. Ce poser cette question est impératif,
au moins pour ceux qui se rappellent comment, entre autres, Adolf
Hitler est arrivé au pouvoir.
La
votation du 28 novembre.
Pour
analyser le vote du 28 novembre, constatons que la majorité a
exprimé une peur vis-à-vis d’une petite minorité, qui compte
environ 4% de résidents en Suisse. Ce simple constat, doit nous
interroger : plus d’un million et demi de personnes, ayant le droit
de vote, et dont les représentants occupent toutes les places de
pouvoir dans notre pays, ont déclaré avoir des inquiétudes
vis-à-vis de l’Islam. Mais cet Islam, représenté en Suisse par
une minorité exclue de tout pouvoir politique, fait-il vraiment
peur? De plus cette minorité est composé principalement d’immigrés
des Balkans et turques peu pratiquants, actifs dans des travaux
humbles et peu rémunérés. De quoi faut-il avoir peur, Allah
serai-t-il plus puissant que notre Dieu?
Parmi
les suisses qui ont dit non à l’initiative - un peu plus d’un
million - seule une petite minorité d’entre eux sont musulmans.
Prétendre donc que les opposants à l’initiative soient des
défenseurs de l’Islam est faux. Les suisses qui se sont opposés à
l’initiative, chacun avec sa propre opinion, ont certainement
estimé que pour le pays il était plus avantageux de ne rien
inscrire dans la constitution à propos des minarets. Cette position
ne signifie pas qu’ils veulent permettre la construction de
minarets partout. Il s’agit simplement de ne pas créer inutilement
des conflits entre nous et certains pays ou communautés musulmanes.
Si
on examine la situation de plus près, on a l'impression que
quelqu’un a intérêt à ce que le conflit entre occident et monde
musulman ait lieu. Avec se vote un conflit a été alimenté, mais
apparemment aucune justification véritable existe. Le seul argument
avancé c’est la peur d’une invasion de musulmans, argument qui
n’a aucun sens. Avec ce vote nous sommes entrés dans une spirale
de la haine dont il faut sortir au plus vite. Les extrémistes
islamiques (Al-Quaïda) ont maintenant la possibilité de dire que la
Suisse est anti-islamique, ce qui n’est pas très intelligent d’un
point de vue de la sécurité nationale. C’est étonnant que des
prétendus défenseurs du pays, comme affirment l’être les tribuns
de l’UDC, ne prennent pas compte de cet aspect. Mais l’explication
est probablement ailleurs. Ce ne sont, ni Allah, ni le père de Jésus
qui se cachent derrière ces manœuvres. Il n’y a rien a voir avec
la théologie. Il s’agit plutôt du “Dieux Argent”, père de
“Saint Libéralisme” et “Soeur Guerre”, qui sont à l’origine
de ce que a tout l’aire d’une dérive autoritaire d’un système
capitaliste en difficulté.