mercredi 9 décembre 2009

Le capitalisme est en danger et la peur de l’islamisation vient à son secours.




Depuis plusieurs mois la construction de minarets est, en Suisse, au centre du débat politique, comme s’il s’agissait d’un problème primordiale pour le bien de la nation. Ainsi, il y a trois semaines un million et demi de suisses et suissesses, chacun et chacune avec sa “bonne raison”, ont voté oui à l’inscription dans la constitution fédérale de l’interdiction de construire des minarets.

La principale force politique qui a soutenu cette initiative est l’UDC. Bien que nous connaissions les positions de cette formation, déjà bien avant cette votation, quelque chose cette fois a changé. On savait que c’était une force politique d'extrême droite, nationaliste et xénophobe. Nous étions habitués qu’elle rejette toute “intrusion” étrangère, noire ou blanche, européenne ou d’autres continents, économique ou culturelle.
Son discours s’est toujours fondé sur l’adhésion à des valeurs et des symboles prétendus Suisses, ce qui laissait quand même un certain flou. Qu’est-ce être suisses? L’UDC utilisait des croix blanches sur un fond rouge, des Guillaume Tell ou des cors des alpes pour représenter la Confédération. Alors que les étrangers étaient mis en image par des symboles de diversité, bien-sûr scandaleux, mais qui ne ciblaient pas directement et ouvertement une population précise. Mettre sur une affiche des corbeaux, des moutons, ou des mains “étrangères” anonymes, pour représenter l’ennemi venant d’ailleurs, est certainement problématique et nous l’avons toujours dénoncé. C’est toutefois autre chose que de cibler une communauté spécifique présente sur le territoire national, comme c’est le cas de la communauté musulmane.
Avec l’introduction de la discrimination ciblée, la radicalisation de la politique de l’UDC est en effet déclarée. Les musulmans ont été choisis comme les ennemis de la nation, sans qu’aucune argumentation sérieuse puisse soutenir ce choix. Ainsi, l’UDC est devenu ouvertement un parti anti-musulman, ce qui évoque une discrimination explicite d’une partie de la population y compris des suisses ayant adhéré à cette religion. Cette discrimination devient un élément qui pourrait même être qualifié de fascisation de la politique de ce parti.
Cette pratique n’est cependant pas nouvelle sur le plan international. L’islamisation de l’occident, comme elle est appelée par les nationalistes, est devenue le nouveau “complot mondial” à combattre. George Bush et sont entourage l’ont inventé, avec le soutient des néo-libéraux européens, afin de justifier les guerres impériales en Afghanistan et en Irak. Ils ont construit un sentiment anti-musulman partout en occident. Un cadeau bienvenu auprès des nationalistes et les obscurantistes. Avec l’approbation de l’initiative populaire anti-minarets il faut se demander comment est-il possible qu’une démocratie, où le peuple est souverain, accepte de discriminer une population, à l'occurrence avec l’excuse de l'appartenance religieuse. Ce poser cette question est impératif, au moins pour ceux qui se rappellent comment, entre autres, Adolf Hitler est arrivé au pouvoir.

La votation du 28 novembre.

Pour analyser le vote du 28 novembre, constatons que la majorité a exprimé une peur vis-à-vis d’une petite minorité, qui compte environ 4% de résidents en Suisse. Ce simple constat, doit nous interroger : plus d’un million et demi de personnes, ayant le droit de vote, et dont les représentants occupent toutes les places de pouvoir dans notre pays, ont déclaré avoir des inquiétudes vis-à-vis de l’Islam. Mais cet Islam, représenté en Suisse par une minorité exclue de tout pouvoir politique, fait-il vraiment peur? De plus cette minorité est composé principalement d’immigrés des Balkans et turques peu pratiquants, actifs dans des travaux humbles et peu rémunérés. De quoi faut-il avoir peur, Allah serai-t-il plus puissant que notre Dieu?
Parmi les suisses qui ont dit non à l’initiative - un peu plus d’un million - seule une petite minorité d’entre eux sont musulmans. Prétendre donc que les opposants à l’initiative soient des défenseurs de l’Islam est faux. Les suisses qui se sont opposés à l’initiative, chacun avec sa propre opinion, ont certainement estimé que pour le pays il était plus avantageux de ne rien inscrire dans la constitution à propos des minarets. Cette position ne signifie pas qu’ils veulent permettre la construction de minarets partout. Il s’agit simplement de ne pas créer inutilement des conflits entre nous et certains pays ou communautés musulmanes.
Si on examine la situation de plus près, on a l'impression que quelqu’un a intérêt à ce que le conflit entre occident et monde musulman ait lieu. Avec se vote un conflit a été alimenté, mais apparemment aucune justification véritable existe. Le seul argument avancé c’est la peur d’une invasion de musulmans, argument qui n’a aucun sens. Avec ce vote nous sommes entrés dans une spirale de la haine dont il faut sortir au plus vite. Les extrémistes islamiques (Al-Quaïda) ont maintenant la possibilité de dire que la Suisse est anti-islamique, ce qui n’est pas très intelligent d’un point de vue de la sécurité nationale. C’est étonnant que des prétendus défenseurs du pays, comme affirment l’être les tribuns de l’UDC, ne prennent pas compte de cet aspect. Mais l’explication est probablement ailleurs. Ce ne sont, ni Allah, ni le père de Jésus qui se cachent derrière ces manœuvres. Il n’y a rien a voir avec la théologie. Il s’agit plutôt du “Dieux Argent”, père de “Saint Libéralisme” et “Soeur Guerre”, qui sont à l’origine de ce que a tout l’aire d’une dérive autoritaire d’un système capitaliste en difficulté.

dimanche 29 novembre 2009

LA GAUCHE, UN MOUVEMENT DONT LE PST-POP NE PEUT PAS NIER L'EXISTENCE

Préambule
Le Comité Directeur, lors de la séance du 14 novembre, a décidé de me confier la rédaction d’un rapport relatif à la situation de la gauche radicale en Suisse, cela en relation avec le congrès fondateur du mouvement “La Gauche - Alternative Linke - La Sinistra” et aux discussions faites en son sein. Après un long débat, nous avons enfin pu faire une revue complète des situations cantonales et nationale sur la proposition de créer une nouvelle force à gauche du PS.
Quelques-uns de nos militants s’y sont engagés dès le début, d’autres ont été très critiques. Le Parti ne s’est pas encore ouvertement confronté à ce sujet. Le Comité Directeur a estimé qu’il fallait nous laisser un peu de temps pour pouvoir mieux comprendre la situation politique et les forces en jeux, tant au niveau national que cantonal. Il a aussi préféré ne pas réagir immédiatement, pour éviter d’alimenter des rumeurs soutenues - encore il y a quelque semaines - par beaucoup de suppositions et peu d'éléments concrets. Ce qui était sûr dés le début, c’est qu’il y a une certaine hostilité de fond envers le PST à l’origine de ce mouvement, notamment de la part de ceux qui, en tant que membres ou ex-membres du Parti, en annoncent déjà la mort.
Ce document veut proposer une façon de réagir à cette réalité nouvelle de manière réfléchie et en se basant sur des informations sûres. C’est-à-dire que nous avons jugé avoir assez éléments pour discuter l’évolution du panorama de la gauche radicale en Suisse. Nous devrons donc élaborer un plan stratégique pour guider nos comportement futurs vis-à-vis de cette organisation.

Réflexions stratégiques
Le projet de La Gauche consiste en une proposition qui s’insère dans un débat stratégique pour la construction de l’unité de la gauche radicale. Le bilan que nous avons pu tirer des différentes situations cantonales et aussi de la situation au niveau national nous dit qu’une très grande confusion existe par rapport à la forme qui doit prendre ce mouvement. Néanmoins le mouvement semble attirer les sympathies d’un certain nombre de militants de la gauche radicale et de personnes sans parti. Dans les journaux et à la télévision nous avons vu l’annonce de la création d’un nouveau parti, toutefois dans la pratique la situation est bien différente, il ne faut pas se laisser tromper par les médias. Ils ne disposent pas encore de sections cantonales et de statuts, tout comme un programme politique. Il faut faire présent montrer que la volonté des leaders et la mise en scène des médias ne correspondent pas forcement aux volontés de la base, qui demande justement une unité dans les luttes plutôt que les beau mots qui doivent encore se transformer en pratique. La crainte de beaucoup, à la fois dans le Parti et en dehors, est que les souhaits de la base ne soient trompés par une manipulation d’en haut de la part de certaines personnes charismatiques. Notre Parti, qu’il le veuille ou non, se trouve dans la condition de devoir réagir à cette réalité nouvelle. Face a une telle situation, nous devons nous demander :

UNITE: POURQUOI?
  • Il faut déterminer les priorités politiques par rapport à notre projet de société et au contexte actuel. Il faut donc mettre face à face notre projet avec la solution proposée par La Gauche, et cela en tenant compte des débats politiques actuels internes et externes au Parti. Par exemple, il faut se demander si en cette période de réaction, avec des prévisions inquiétantes par rapport à la politique raciste soutenue par la droite nationaliste, nous devons nous attaquer au PS et aux Verts comme le fait La Gauche, en appelant aux déçus de ces deux partis. En effet, malgré leur orientation, au mieux social-démocrate, il est peut-être nécessaire de s’allier avec eux dans un front “anti-fascistisation”.
  • De plus nous n’adressons pas notre politique aux militants des autres partis, nous ne cherchons pas à gagner la bataille d’appareil, mais de mobiliser les exploités contre un système injuste. On ne veut pas préserver “les idées de gauche”, mais lutter pour les intérêts des classes populaires. Autrement dit, nous voulons faire de la politique avec la population et pour la population et non pour notre petite maison. L’unité doit servir à ce but.
  • Le Parti est en train d’effectuer (poursuivre) une discussion sur son identité et sur le projet politique qu’il propose. Il s’agit d’une décision du dernier Congrès (celle de réécrire le programme) et d’une forte volonté du Comité Directeur actuel. On estime qu’il faut trouver une unité idéologique au sein du Parti au plus vite, cela dans le but de les faire revenir à une pratique politique plus incisive et plus cohérente envers notre objectif final, le socialisme. Nous avons la nécessité, surtout en ces temps de crise, de trouver une pratique commune dans la construction du mouvement populaire. Nous devons au plus vite comprendre comment mener une vraie politique qui sache proposer et revendiquer le mieux pour les classes populaires. Pour que la crise actuelle soit la fin d’un cauchemar et non le début d’une autre période d’austérité .

UNITE AVEC QUI?
  • Le Parti Suisse du Travail a 65 ans d’histoire. Qu’il s’interroge sur la possibilité d’appuyer ce mouvement doit être compris à l’intérieur comme à l’extérieur du Parti. Il ne s’agit pas de sauvegarde d’intérêts individuels ou utopiques, mais de cohérence et sûreté dans la continuité du “mouvement pour le socialisme”. Déjà trop de fois des mouvements nouveaux se sont effondrés sur les organisations déjà existantes en les affaiblissant ultérieurement après beaucoup d’euphorie. Il ne s'agit pas non plus de sectarisme, mais d’une discussion légitime, qui est sincèrement guidée par une volonté de renforcer notre projet politique. Celui-ci n’est pas le Parti fétiche, mais une envie révolutionnaire de changer cette société dans la profondeur pour construire le socialisme.
  • La décision du congrès de 2006 à Genève et l’article 1 des statuts sont très clairs et ils n’ont jamais été contestés : “Le PST coopère avec des organisations, des mouvements et des personnes qui visent des buts généraux ou particuliers convergents aux siens” 1. Néanmoins, ces coopérations doivent objectivement être en faveur des classes populaires. Il faut que l’unité ne se fasse pas dans le vidage du contenu politique, mais dans un projet politique concret pour la construction d’un mouvement populaire.

UNITE: COMMENT?
  • Une unité construite sur des promesses et des espoirs est peut-être passionnante, mais il faut quelle puisse aussi garantir une unité réelle et concrète dans la lutte. Il s’agit là d’un élément fondamental pour la survie et le renforcement du mouvement. Il faut qu’elle nous donne la force de gagner la lutte contre l’exploitation des puissants, les actionnaires et les managers et leurs sous-fifres. Cela implique la reconnaissance d’un certain nombre de points en commun au niveau idéologique et stratégique. Il faut s’unir non pas sous un slogan (La Gauche), mais à partir de propositions politiques concrètes, d’une manière d’analyser et concevoir la société et surtout en suivant un même objectif. Par conséquent, sans débat politique approfondi, la construction de l’unité resterait une chimère, ou peut-être un nouveau slogan électoral, ce qui serait véritablement dommage.
  • Bien qu’il ne faille pas oublier les fortes tensions qui existent entre certains camarades promoteurs de La Gauche et les représentants des instances nationales du Parti, il ne faut pas empêcher le dialogue. Ces hostilités sont certainement dues à des sensibilités politiques différentes, ce qui est indéniable, mais elles sont souvent alimentées par des préjugés et des stigmatisations. Il est nécessaire de savoir affronter ouvertement ces questions, pour que l’unité puisse se construire avec des fondements politiques cohérents et profonds. Il faut dépasser les polémiques pour commencer à parler de politique, car c’est seulement en suivant cette voie que nous pourrons un jour créer un accord commun. Tant que le débat ne sera pas libéré de préjugés et personnalismes, trop d'énergies seront gaspillées, nous ne pouvons pas le permettre. Nous ne refusons jamais la discussion politique à priori, mais elle doit se fonder sur le respect mutuel.

Comment faire par la suite
Ces principes sont le fil conducteur de la tactique que le Comité Directeur a choisi jusqu’à présent pour réagir à l’annonce de la volonté de fonder La Gauche. Je propose de continuer à les suivre dans les prochains mois.
Je demande que le Comité Central du 28 novembre 2009 donne mandat au Comité Directeur de répondre aux éventuels contacts de la part de La Gauche en suivant les principes énoncés plus haut. Cela sera fait en consultant constamment les sections et en présentant un nouveau rapport devant le Comité Central du 6 mars.
1 Article 1. des statuts du PST

Leonardo Schmid, co-secrétaire du PST

mardi 24 novembre 2009

LE NOM DU PARTI DES COMMUNISTES EN SUISSES EST PARTI SUISSE DU TRAVAIL

Résolution du Comité Directeur pour le Congrès du 24 octobre 2009

UNE PROPOSITION QUI MERITE BEAUCOUP D’ATTENTION

Bien que la proposition de la section de Berne pour changer le nom de notre parti n’a pas recueilli l’aval du Comité Directeur du PST, elle a le mérite de soulever une question importante, celle de l’identité de notre parti. Le choix d’un nom n’est pas seulement le choix d’une étiquette, le nom d’un parti en représente l’image, l’idéologie, la pratique. Ainsi le débat sur le nom “communiste” est aussi un débat sur le contenu que nous voulons (re)donner à notre parti, parce que notre parti est-il ou pas un parti communiste?
Se questionner sur l’identité communiste du parti est, en ce moment, un débat central pour enfin pouvoir recommencer à œuvrer tous ensemble dans la même direction, pour le travail contre le capital. La grande hétérogénéité que nous trouvons entre les sections est indice du dysfonctionnement du parti national, qui depuis une dizaine d’années n’arrive plus à trouver une ligne politique unitaire ni encore moins à l’appliquer. Ceci est certainement dû en bonne partie à un manque de réflexion commune sur ce que doit être le parti, sur le rôle qu’on lui attribue et sur le projet de société qu’il défend.
Si la section bernoise, une jeune section qui vient de se reconstituer, tout comme les jeunes du Tessin proposent de valoriser notre identité communiste en l’affichant sur le nom, c’est bien parce qu’il y a un sentiment de vide identitaire. Dans la plupart des sections les jeunes camarades souhaitent que le parti puisse faire rêver à une révolution socialiste ; un jeune camarade l’a dit ainsi:

Je veux avoir le droit de penser que le socialisme existera un jour, en Suisse aussi, je veux que mon parti en soit le moteur, je veux que les PST soit un parti communiste.”

Dans ces mots nous trouvons non pas de la nostalgie de ce qu’a été le socialisme “réellement existant”, mais un espoir pour que dans le futur une société plus juste ne soit plus une utopie. Ce serait une grave erreur de ne pas tenir en compte cet espoir, signe d’un engagement profond, il est mu par les mêmes sentiments de l’esprit révolutionnaire qui animait les camarades fondateurs du parti.
L’impression est que les plus jeunes camarades du parti n’arrivent pas à voir en quoi le PST sait proposer une alternative au capitalisme. Certains camarades expérimentés s’étonnent de la proposition bernoise, et des fois l’accusent de repli identitaire, de sectarisme ou dogmatisme, néanmoins la plupart de ces camardes sont rentrés au parti à l’époque où la formation des militants sous une perspective marxiste-léniniste était pratique courante et bienvenue. Il faut peut-être rendre attentifs certains camarades du fait que ces dernières années le parti a perdu de nombreux repères théoriques, en se trouvant - comme beaucoup de partis frères - noyé dans l’idéologie de la gauche de la gauche dont les buts ne sont pas clairement définis et où l’ouverture se paye avec un affaiblissement des propositions révolutionnaires du parti. En effet en suivant cette ligne politique la seule stratégie possible est celle de l’ouverture vers “d'autres forces qui nous sont proches”, sans savoir pourquoi, mais en étant sûr que nous faisons peur et qu’il faut cacher notre identité, jusqu’à ce qu’elle soit oubliée par nous et par nos adversaires.
Cette Discussion devra être utile à notre parti en vue de la révision du programme prévue pour 2010. Le Comité Directeur ne souhaite pas encore se prononcer pour donner une DIRECTION à propos du nouveau programme, mais plutôt commencer à poser les bases pour cette réflexion. Le Comité Directeur veut lancer une discussion qui puisse déboucher sur une proposition politique qui puisse nous lancer vers la (re)construction d’un parti révolutionnaire. La réflexion sur le communisme doit nous aider à affronter ce débat.
Le monde est probablement à un moment crucial de son développement, la situation économique actuelle avec une crise du capitalisme sans précédents, la monté des idéologies fascisantes, la progression de l’exploitation de l’environnement nous imposent un défi pour se rénover, sans pourtant oublier ce que nous avons pu apprendre du passé. Pour les communistes de toute la planète, ainsi que pour les militants du PST il faut un projet de société claire et visant à dépasser le capitalisme. Il faut qu’il soit adressé à tous ceux qui vivent opprimés par la classe dominante - autrefois appelée bourgeoisie, c’est à ceux qui vivent du travail et non du capital - autrefois appelés prolétaires - que le PST doit lancer son appel. Il faut leur offrir la possibilité de lutter pour une autre société. Il faut sortir de l’éternelle guerre d’appareils entre différentes organisations, nous nous engagerons pour le travail contre le capital, nous nous battrons pour le socialisme contre le capitalisme.

POURQUOI NE PAS CHANGER DE NOM

Dans ces conditions le Comité Directeur refuse de changer de nom à un parti dont l’histoire prouve l’identité communiste, simplement parce que récemment elle a perdu son importance en son sein. Pour des communistes c’est la pratique qui compte le plus, l’opposition de tout communiste à des choix idéalistes doit être rappelée. Le choix politique sur lequel il faudrait se prononcer est de savoir si nous sommes un parti communiste, c’est-à-dire un parti avec une pratique communiste. Au contraire le changement de nom n’est pas un choix politique, mais tactique, c’est un choix qui s’insère dans l’élaboration d’une stratégie révolutionnaire. Or, vu l’état actuel du débat sur la stratégie révolutionnaire que le PST est en train de faire, il serait inutile et peut-être contre productif de se prononcer sur un changement de nom. Pour le Comité Directeur la priorité actuelle n’est pas de changer l’étiquette de la bouteille, mais de la remplir avec du nouveau vin.
Cette bouteille a une longue histoire. Le Parti Suisse du Travail (PST), fondé en 1944, ne s’appelle pas ainsi seulement parce qu’il n’aurait pas pu s’appeler communiste - à cause de l’interdiction du Parti Communiste Suisse qui a été dissout par les autorités helvétiques en 1939. Il a choisi le nom de Parti Suisse du Travail parce qu’il regroupait des ex-militants du PCS, des socialistes de gauche (Léon Nicole) dont l’organisation a été aussi dissoute, ainsi que des militants indépendants, toutes et tous avec des histoires militantes différentes. Le parti voulait être, un parti d’inspiration marxiste, dont l’idéal était de construire un rassemblement populaire pour marcher vers le socialisme. Autrement dit les militants du PST étaient des militants pour le socialisme, c’est-à-dire pour le dépassement du capitalisme en suivant la doctrine Marxiste-Léniniste, ce qui revient en gros à être des militantes communistes. Dans le manuel d’éducation politique du PST destiné à tous les militants du parti et édité sous la direction de Jean Vincent en 1973 il y a un chapitre intitule : “Le rôle d’un militant communiste” et dans le chapitre relevant de la structure du parti la théorie Marxiste-Léniniste en est le squelette, ce qui prouve bien quelle était l’identité du PST. L’histoire du PST est donc l’histoire d’un parti communiste, mais quelle sera l’histoire future du PST?
S’il est possible d’être un parti communiste, sans s’appeler de cette manière, et c’est ce que le PST a longuement été par sa pratique passée, il serait aussi possible de changer cette situation. D’un côté des camarades poussent pour afficher très ouvertement notre identité communiste, en faisant probablement un choix que dans le contexte actuel va trop loin. De l’autre côté certains camarades veulent abandonner l’identité communiste, pour en trouver une autre plus ouverte, mais laquelle? Selon le Comité Directeur lors du congrès il s’agira de se déterminer une fois pour toute là dessus, non sur la question du nom, qui est le grain de sable au sommet de la montagne, mais sur notre identité. Il faut avoir le courage d'affronter, ouvertement et sereinement, le débat sur le communisme. Il faudra discuter sans complexes, nous sommes assez mûres pour dépasser le traumatisme de la chute du socialisme réel (tant pour les ados rebelles qui refusent leur pères, comme pour fils de papa qui n'arrivent pas à s’en détacher), nous ne jouerons plus les orphelins du Mur de Berlin. Il est temps pour nous de relancer la course au socialisme, le socialisme du 21ème siècle, celui de notre génération.

dimanche 15 novembre 2009

Vendeurs de mort.



Le 29 novembre, nous serons appelés aux urnes pour nous prononcer sur l’initiative lancée par le Groupe pour une Suisse Sans Armée (GSsA). Le texte demande l’interdiction d’exporter le matériel de guerre. Le Parti Suisse du Travail a confirmé son soutien à l’initiative dans sa dernière séance. La campagne vient de débuter. La gauche tout entière se mobilise pour combattre ce commerce peu glorieux admis dans notre pays. La vente d’armes est-elle compatible avec la neutralité dont se targue la Suisse ? Sans (trop) se soucier de l’endroit où elle seront utilisée, les entreprises suisses productrices de matériel de guerre en vendent partout sur la planète. En 2008, elles ont vendu du matériel de guerre à 72 pays pour 722 millions de francs. Parmi ceux-ci, on trouve de nombreux pays en guerre, notamment l’Inde et le Pakistan. Le gouvernement de Karachi est le premier client de fabriques d’armes suisses, avant même les pays européens ou les Etats-Unis. En 2008, L’entreprise Ruag a exporté des pistolets-mitrailleurs en Arabie saoudite, qui n’est pas un pays modèle en matière de droits de l’Homme. Plus paradoxal encore : on retrouve des armes suisses même dans les pays où la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) ainsi que d'autres organisations suisses ont justement des programmes de développement et de prévention des conflits.
Le lobby de l’armement joue à fond la carte de l’emploi pour couler l’initiative. Les exportations d’armes restent pourtant marginales pour l’économie suisse, de l’ordre de 0.11% du PIB Suisse. Selon une étude récente du BAK Basel Economics commandée par le Conseil fédéral, l'industrie de l'armement suisse emploie directement 3'355 personnes, et 1'757 places de travail en dépendent chez les fournisseurs. L’initiative prévoit pour eux des plans de reconversion de l’industrie de guerre suisse. Celle-ci aurait des effets bénéfiques pour l’image internationale de notre pays. Elle permettrait aussi à la production industrielle suisse de devenir plus utile à tout le monde, au peuple suisse en premier lieu. Les investissements dans le secteur de l’armement, s’ils sont réorientés vers d’autres secteurs, pourraient être même de relancer des secteurs industriels qui ont aujourd’hui besoin de gros investissements, notamment dans le secteur de l'énergie. Il faut aussi noter que les forces politiques bourgeoises qui défendent l’emploi de l’armement sont les mêmes qui, en temps de crise, coupent dans les prestations de l'assurance-chômage. Quant aux milieux patronaux, ils n’hésitent pas à licencier, pour garantir leurs parts des profits. Moralement aussi, l’exportation d’armes reste hautement problématique. La droite dénonce la production et le trafic de cocaïne qu’un Etat comme la Colombie tolère, stigmatisant ses effets pour les personnes. Pourtant les armes ont un effet dévastateur encore plus fort que la drogue. Lorsqu’on parle d’armes, le discours sur la moralité du commerce change radicalement. Exporter des armes devient acceptable pour la droite. La seule explication à ce revirement réside dans les intérêts économiques que la droite défend. Pour certains milieux économiques suisses, le marché de l’exportation de matériel de guerre est trop important pour s'arrêter à des questions moralement problématiques. Pour toutes ces raisons, il faudra voter oui le 29 novembre, pour interdire l’exportation de la mort.

jeudi 15 octobre 2009

Léo Schmid, co-secrétaire du PST, est l’auteur du texte Redonnons un rôle au PST dans la société suisse. Interview Gauchebdo

  • 20 ans après la chute du mur est-il opportun de repartir avec un projet «d’inspiration communiste»?
C’est que j’ai essayé de expliquer dans le texte du CD pour la Conférence nationale. Pour résumer je peux dire qu’un projet d’inspiration communiste signifie militer pour construire un mouvement de masse, qui sache rallier tous ceux qui subissent le système capitaliste, ceci dans le but de renverser ce modèle de société. Pour moi le mot communiste représente la traduction politique des théories marxistes, qui restent, quoi que l’on dise, les analyses plus précises sur le système capitaliste et ses contradictions. Nous proposons un projet communiste, mais qui se doit d’être moderne et en contact avec la réalité de notre époque. Cela ne veux dire qu’il faut perdre l’essence de la pensée de Marx, dont la valeur est de tant plus avérée aujourd’hui en temps de crise économique, mais plutôt lui donner un nouveau cours.
Notre projet est globale, on remet radicalement en cause le système capitaliste. Nous restons convaincus que pour le faire on nécessite d’un Parti qui ne soit pas simplement un mouvement électoral. Nous voulons une organisation capable d’agir sur plusieurs fronts : politique, social, culturel, etc. La bataille pour notre objectif, celui d’une société différente - socialiste - ne peux pas se jouer seulement en visant à quelque siège au parlement.
Pour ce qui est du socialisme de l’est, il faut se confronter à l’évidence qu’il n’as pas réussi, des erreurs ont été commises et “l’homme nouveau” n’est pas venu. Toutefois ce n’est pas pour cette raison que nous devons renoncer à nos idéaux et à notre lutte. Comme le disait le Che : “nous sommes réalistes, nous voulons l’impossible”, nous voulons la libération des êtres humains et de la nature du joug de l’exploitation capitaliste, nous continuerons à nous battre pour ça même sans le Mur de Berlin.
  • Est-il vrai que vous voulez «restaliniser» le parti? Etes-vous un stalinien?
Je dois avouer que je n’ai jamais dû répondre publiquement à une question semblable, qui me semble, en toute honnêteté, absurde. Je ne vais pas néanmoins l’éviter, bien que je n’aime pas parler de moi, ceci pour deux raisons. Premièrement parce que je n’ai rien a cacher, je suis un militant honnête, qui à toujours oeuvré de manière transparente en croyant faire le mieux pour le Parti et les classes populaires. En outre, je me sens en devoir de donner une réponse, vu le poste que j’occupe actuellement dans le Parti, parce que des rumeurs circulent et j’y tient qu’elles soient clarifiées.
Je ne suis pas stalinien, je ne sais d’ailleurs pas ce qui signifie concrètement. Par conséquent il me semble absurde prétendre que je veux staliniser le Parti. Les propositions que je fait pour le Parti sont dans le texte du CD. Elles sont encore à discuter, j'espère d'ailleurs que beaucoup de critiques parviennent et qu’on débat puisse donner un texte de synthèse meilleur de ce que j’ai pu écrire.
Je suis un militant du PST, je me reconnais dans son histoire dont je suis fière. J’essaye d’être fidèle à ses statuts et à son programme, ainsi qu’aux décisions des instances. Si des camarades désirent me questionner sur mon engagement politique je suis toujours disponible au débat. Enfin je vous prie de me juger sur mon travail militant et non sur les bruits de couloirs que certains divulguent.
  • Après le 28 novembre, les responsables de La Gauche devraient prendre contact avec le PST dans la perspective de créer un nouveau parti. Allez-vous les recevoir? Qu’allez-vous leur dire?
Il est inutile de se cacher derrière un doit, je ne vois pas dans le projet “La Gauche” la meilleure solution pour unifier les forces de la gauche de la gauche en Suisse. La manière dont elle est en train de se fonder ne m’inspire particulièrement de confiance. Il y a trop de confusion et les cartes ne sont pas toutes découvertes, ce qui rend difficile évaluer la vrai portée de ce projet. Je considère toute fois que une discussion avec les représentants de ce mouvement sera nécessaire. Il faudra tenter de collaborer, au moins dans les domaines où sera possible le faire, le niveau électoral comprit. Le PST en tant que Parti n’a jamais été inclut à la tables de négociations, je dirais même que quelque mesure à été prise pour que cela ne soit pas le cas, dommage... Le CD du PST en ce moment essaye de renforcer le Parti. Le PST est aujourd’hui est la plu grande organisation de la gauche radicale en Suisse, le renforcer c’est garantir la survie d’une gauche anti-capitaliste qui puisse justement défendre un projet globale et non seulement électorale. Sur le plan électorale nous sommes évidemment, comme plusieurs congrès récent l’ont affirmé, ouvert à une collaboration sincère et concrète. En conclusion j'espère que même avec les camarades qui feront le choix de quitter le PST pour adhérer à La Gacuhe nous pourrions continuer à nous respecter et à lutter ensemble quand il sera possible.

mercredi 23 septembre 2009

Chômage, chomeurs et lois sur le chômage en Suisse

En suisse nous disposons d’une assurance sociale contre le chômage. Cette conquête est un des instruments plus importants pour limiter la concurrence entre les travailleurs et lutter contre le précariat. L’assurance-chômage permet aux travailleurs et aux travailleuses qui perdent leur travail de disposer d’un revenu substitutif. Ce revenu devrait laisser le temps aux chômeurs pour retrouver un autre travail sans que les travailleurs doivent immédiatement accepter de travailler à n’importe quelles conditions.
La concurrence entre les travailleurs est un des éléments plus négatif du capitalisme, car elle divise les classes populaires et permet aux patrons d’oeuvrer en position de force. L’assurance chômage est donc pour nous un instrument fondamentale pour la défense de travailleurs.
L’assurance chômage telle comme elle est actuellement n’est cependant pas parfaite, une extension des prestations est nécessaire pour renforcer la lutte à la concurrence. Ceci est de tant plus nécessaire dans un nouveau monde du travail au les formes de travail précaires prennent de plus en plus de place.
Au contraire la majorité des forces politiques de notre pays se bornent à sauver les comptes de cette assurance sans affronter les problèmes du chômage. Le Conseil Fédéral avant tout le monde reconnaît l’augmentation du chômage en cette période de crise, mais aborde le problème par le petit bout de la lorgnette. Sans se soucier des origines de cette hausse, ni de ses effets sur les classes populaire.
Les bourgeois mettent l’assurance chômage de plus en plus sous attaque, car il ont la nécessité d’une “armée de travailleurs de réserve”, comme Marx l’as définie. C’est-à-dire un nombre important de travailleurs que plutôt de rester sans revenu du tout, ils sont disposés à accepter un travail à des conditions défavorables. En gros l’objectif de la classe dominante est augmenter le nombre de personnes en situation de précarité et donc plus faciles à exploiter.
L’excuse qui continuellement est mise en avant est celle du financement de l’assurance, ainsi des révisions se suivent avec la justification de la réductions les coûts, autrement dit pour couper des prestations.
Pour notre compte nous considérons que la question de l’assurance chômage, comme aussi pour toute assurance sociale, doit d’abord s'intéresser à comment offrir les meilleures prestations aux travailleurs et ensuite tout essayer pour trouver les financements. Ce que la droite n’as certainement pas l’intention de faire. Emblématique est dans ce sens la manière dont le Conseil Fédérale semble jour avec le toux des cotisation professionnelles.
En 2001, période d’embellie conjoncturelle, le Conseil Fédéral proposait de baisser les cotisations prélevées sur le salaire, les faisant passer de 3 à 2%. En 2008, sous les auspices d’une nouvelle crise, il envisage de faire un petit pas en arrière, et d’augmenter les cotisations de 0.2%. En revanche, les deux réformes diminuent les prestations en faveur des chômeurs/-ses. En 2001, le projet promettait des économies de 358 millions sur le dos des chômeurs, et celui de 2008 en ajoute à hauteur de 533 millions
Les libéraux ne chôment pas
Une nouvelle révision est en phase d’élaboration, dont les contenus visent à réduire les prestations pour les catégories déjà plus fragilisées : les jeunes, les travailleurs porches de la retraite et les régions plus touchés par le problème du chômage. Analyser de près cette révision nous montre clairement les réelles intentions des patrons et leurs représentants politiques.
Ce projet du Conseil Fédéral est actuellement débattu par le Parlement, et la majorité bourgeoise penche à l’heure actuelle vers plus d’économies encore. Nous vous proposons donc un petit aperçu des modifications qui pourraient toucher le droit du chômage dès 2010 ou 2011.
Prochaine réforme : combattre les chômeurs plutôt que le chômage
Les plus de 55 ans et les invalides partiels
Pour avoir droit à des indemnités de chômage, il faut avoir travaillé (et cotisé à l’assurance-chômage) durant un certain temps. Actuellement, un an de travail garantit un an et demi d’indemnités. Les plus de 55 ans et les invalides partiels ont même droit à deux ans d’indemnité s’ils ont travaillé durant un an et demi auparavant.
Avec la réforme projetée, la même durée de travail donne droit à moins d’indemnités : un an de travail garantit un an d’indemnités, et il faut 15 mois de travail pour avoir droit à un an et demi d’indemnités. Quant aux plus de 55 ans et aux invalides partiels, ils nécessitent presque deux ans de travail pour avoir droit à deux ans d’indemnités. Cela représente, selon les prévisions du Conseil Fédéral, une économie de 114 millions par an. Et les personnes touchées seront, en premier lieu, les travailleurs les plus précaires, qui peinent à trouver des emplois et ont des engagements de courte durée. Les plus de 55 ans seront plus touché que les autres : alors qu’ils représentent 16% des chômeurs, ils constitueront 24% des personnes touchées par ces mesures d’économie. En d’autres termes, l’assurance chômage protégera moins contre la précarité de l’emploi.
Les jeunes
Les personnes qui viennent d’achever leur formation se trouvent dans une situation spéciale, puisqu’ils n’ont par définition pas encore cotisé à l’assurance-chômage, mais sont à la recherche d’un premier emploi souvent difficile à trouver. La loi actuelle leur permet donc de toucher des indemnités durant une année, et prévoit un traitement plus favorable pour les personnes avec enfants à charge.
La nouvelle loi sur le chômage ne donnera plus droit à des indemnités que durant six mois environ (120 jours ouvrables), et ne distinguera plus les parents des personnes seules. De plus, avant de recevoir la moindre indemnité, la nouvelle loi fixe un délai d’attente d’une année, durant lequel la personne devra être enregistrée à l’Office Régional de Placement (ORP). En d’autres termes, les chômeurs devront s’inscrire auprès de l’ORP immédiatement après avoir reçu leur titre de formation, mais ne recevront rien durant la première année. Lorsque l’on sait que de nombreuses personnes tardent à s’annoncer au chômage en espérant se débrouiller financièrement et trouver rapidement un emploi, on peut craindre l’effet de cette mesure. Et que nombre de jeunes, faute de chômage, se trouveront à l’aide sociale.
De plus, le Conseil des Etats a choisi de durcir les critères concernant les emplois qu’un jeune est forcé d’accepter. Jusqu’à 30 ans, chacun pourra donc se trouver contraint d’adopter un emploi hors de sa formation ou de son emploi habituel. L’Etat se trouvera donc dans le rôle étrange de financer la formation des jeunes, puis de les pousser à travailler dans des emplois moins qualifiés. Au risque, bien sûr, de prendre l’emploi d’autres personnes et de créer d’autres chômeurs…
Les régions pauvres
Actuellement, un Canton peut obtenir une prolongation des indemnités de ses chômeurs, pour une région particulièrement touchée par le chômage, s’il finance 20% de la mesure. Avec le nouveau droit, il faudra qu’il contribue à hauteur de 40% de la mesure. En d’autres termes, les Cantons pauvres sont mis à contribution.
De plus, la prolongation des indemnités ne sera possible qu’en cas d’augmentation du chômage au niveau suisse. Cela veut dire qu’un canton ne pourra plus bénéficier de cette mesure si la majorité des cantons voient leur chômage diminuer. Cela veut dire aussi que la mesure est envisageable lorsque le chômage monte en flèche, mais n’est plus permise s’il diminue lentement, tout en restant à un niveau élevé. C’est d’autant plus absurde que le taux de chômage est calculé sur la base des chômeurs inscrits. Et comme les chômeurs en fin de droit ne sont plus comptabilisés, ils font diminuer artificiellement le taux, alors qu’ils nécessiteraient justement un soutien…
Le chômage est-il une fatalité ?
En somme, cette réforme ne prend de l’assurance-chômage que son aspect d’assurance, mais oublie qu’il s’agit d’une assurance sociale. Le chômage est vu comme une fatalité, qui peut toucher tout un chacun. En conséquence, on demande une contribution similaire à chacun, et on indemnise les personnes touchées par le chômage en proportion de ce qu’ils ont payé. Et au moment de faire des économies, on s’attaque en priorité aux bénéficiaires les plus nombreux de l’assurance.
C’est oublier que le chômage ne tombe pas du ciel, et que l’assurance-chômage se prétend une assurance sociale. Le chômage n’est pas une simple fatalité, il est aussi la conséquence d’un salariat toujours plus précaire. En 20 ans, la part des salaires dans le PIB mondial a diminué de 7% au moins, tandis que la part des dividendes versées aux actionnaires augmentait d’autant. Si le nombre de chômeurs, que le Conseil Fédéral prévoyait en 2003 autour des 100'000, s’avère en 2007 plus proche des 125'000, c’est aussi à cause des pressions sur le salariat. Les travailleurs, qui financent par leurs cotisations la plus grande partie de l’assurance-chômage, sont toujours moins nombreux par rapport aux chômeurs. Les coûts des restructurations se trouvent donc assumés par les salariés, alors que ce sont les actionnaires qui en bénéficient.

samedi 12 septembre 2009

Nos assurances sociales sont-elles “sociales”?

Vouloir défendre bec et ongles le principe des assurances sociales ne signifie pas se satisfaire du statu quo. Car on peut de plus en plus se demander si ces assurances sociales helvétiques sont bien « sociales».

Prenons la question des retraites :
L’AVS, réclamée depuis la grève de 1918 et obtenue en votation populaire en 1947, dépend du produit du travail de tous, employés et employeurs.
Les cotisations alimentent durant l’année le Fonds AVS qui permettra de payer les rentes de l’année suivante. C’est le système de répartition qui a permis à l’AVS de traverser aussi bien les crises que l’augmentation de l’espérance de vie. De plus, les rentes sont plafonnées, quel que soit le montant des cotisations payées. Daniel Vasella assure sans doute par ses cotisations le versement de quelque 120 rentes AVS, mais ne bénéficiera pas d’une retraite AVS plus élevée que celle du commun des mortels.
Pour le 2ème pilier (LPP), il s’agit de toute autre chose. Les petits salariés ne peuvent compter que sur des rentes très basses alors que les très bien payés auront des rentes bien plus cossues, car il n’y a pas de redistribution. Le système de capitalisation du 2ème pilier permet d’engranger dans les caisses de pension des milliards (750 milliards actuellement), somme faramineuse payée pour 63% par les cotisations employés-employeurs. Ce pactole est censé grossir grâce à la spéculation boursière (27% en 2007) mais est aussi une proie facile pour les placements hasardeux ou les crises boursières. En 2008, une perte de 150 milliards était même avouée. Quant au calcul des retraites, il dépend de taux minimaux fixés par les autorités politiques, taux qui varient selon les fluctuations de l’économie. Plus de 200'000 signatures ont été récoltées cette année pour le referendum contre la diminution de 10% des futures rentes décidée par les Chambres fédérales.(120'000 signatures auraient suffi). Le vote populaire aura lieu l’an prochain. Un test intéressant qui permettra de voir qui défend vraiment les assurances sociales.
Il existe aussi un 3ème pilier, qui n’est en somme qu’une épargne personnelle défiscalisée tout au long des versement. Ce 3ème pilier fait le bonheur des assureurs privés et n’est en rien solidaire.
Que faire ?
Le PST avait proposé par une initiative une retraite populaire sur la base du systéme de répartition de l’AVS. En 1972, le peuple suisse et les syndicats ont préféré le système des 3 piliers expliqués ci dessus. Or, le 2ème pilier se délite peu à peu et dépend de plus en plus de spéculations hasardeuses. En outre, sans tenir compte de la pérennité de l’Etat, les politiques bourgeoises imposent artificiellement des couvertures à 100% des caisses publiques, comme s’il fallait en une année verser toutes les rentes à la fois !
C’est pourquoi de plus en plus de citoyens demandent avec raison que soient augmentées les cotisations à l’AVS plutôt qu’au 2ème pilier : une sorte de ripage vers l’AVS des cotisations de retraite versées.
De plus, la lutte contre la dépréciation des futures rentes du 2ème pilier dépendra de la votation populaire en 2010. Les cassandres ont déjà sorti leurs mouchoirs pour prédire des catastrophes. Souhaitons que les citoyens ne se laissent pas impressionner par ces jérémiades qui nous assomment depuis des années et des années !
Le fonctionnement de l’Assurance Chômage et de l’AI est similaire à celui de l’AVS, sans pourtant autant être efficace. Leur financement se fait essentiellement par des cotisations travailleurs-patrons (91% AC 54% AI) et des contributions directes des autorités fédérales (8% AC et 45% AI).
Ces recettes ne suffisent toutefois pas au fonctionnement de ces assurances. La droite refuse absolument de les augmenter sur une base redistributive, préférant augmenter la TVA et non les cotisations patronales. En théorie, ces assurances restent relativement redistributives. Mais les prestations qu’elles fournissent ne suffisent absolument pas.
Le cas de l’Assurance Maladie est probablement le plus catastrophique. En l’absence d’une assurance publique, un certain nombre d’assureurs privées ont transformé la santé en un grand supermarché de la rentabilité.
Le financement de cette assurance découle presque exclusivement de “primes” de base obligatoires (80%), identiques pour tous, tandis que les pouvoirs publics financent le reste (20%). Mais pour une personne peu fortunée, les primes maladie représentent une part importante, et donc problématique, du budget, tandis que la dépense apparaît minime aux riches. L’assurance obligatoire couvre les soins de base, mais ce minimum devrait être élargi puisqu’il exclut en réalité de nombreuses thérapies, que seuls ceux qui ont suffisamment d’argent peuvent se permettre sans problème.
Ces nombreux déficits des assurances sociales suisses doivent impérativement être comblés. Voilà pourquoi le PST lutte non seulement contre le démantèlement social actuel, mais aussi pour le renforcement du système d’assurances sociales en place. Lutter pour un réelle sécurité sociale implique de sauver les acquis sociaux actuels pour en conquérir des autres.

samedi 5 septembre 2009

REDONNONS UN RÔLE AU PST-POP DANS LA SOCIÉTÉ SUISSE


Qui sommes-nous et que voulons-nous ? 1

Introduction
Le Comité Central du Parti Suisse du Travail a décidé, lors de la séance du 5 septembre 2009, de la nécessité d’une discussion générale sur la ligne politique de notre Parti. Pour l’affronter, il a été décidé d’organiser une Conférence Nationale du Parti pour le 28 novembre 2009. En soutenant pleinement cette décision, le Comité Directeur a donc décidé de présenter un rapport qui propose à la fois une analyse de la situation difficile du Parti et des propositions pour le renforcer. La ligne politique originaire du PST2, qui se veut un parti pour la transformation socialiste de la société capitaliste, s’est affaiblie de manière considérable, tant vers l’extérieur qu’à l’intérieur du Parti. En tant que direction nationale nous devons agir pour que cette tendance soit inversée, nous avons la responsabilité d’appliquer les décisions qui à plusieurs reprises ont réaffirmé une ligne politique de transformation radicale de la société capitaliste. Plus précisément, nous avons le devoir de travailler pour redonner un contenu à cette idée, qui est devenue aujourd’hui une formule creuse, qui ne sert que de justificatif pour nous distinguer des formations de la gauche réformiste. Il est donc nécessaire de travailler d’abord sur le plan interne, pour redonner un vrai poids à la ligne politique du Parti, dans son contenu et surtout dans son application. Savoir orienter notre politique concrète à partir d’une ligne politique claire est le premier pas pour redonner une stratégie unitaire et un fonctionnement plus efficace au Parti.
Les propositions de changement de nom en Parti Communiste Suisse et de dissolution du Parti pour fonder le Parti de la “vrai” gauche ont alimenté la confusion sur le rôle que le Parti doit jouer dans la société suisse. Les débats à la Conférence Nationale devront servir surtout à clarifier cette situation. De plus, ils devront donner une orientation à la commission pour le nouveau programme. Les camarades qui y participent devront s'appuyer fortement sur les résultats de la Conférence Nationale pour rédiger la proposition de programme, qui sera ensuite discutée au Congrès Ordinaire de 2010. Il faut souligner l'importance de ce nouveau programme, pour qu’il puisse redonner une unité d’analyse et d’action au Parti. La faiblesse de la ligne politique est aujourd’hui un grave problème, qui cause une incapacité à approfondir les débats sur des sujets politiques de fond mais aussi sur des thèmes très concrets. Une totale fragmentation sur les choix stratégiques et tactiques, un important problème d’organisation interne et une faible conscience pour les membres de ce que signifie être militant du PST en sont les principales manifestations. De manière générale, il y a depuis plusieurs années, une perte de vue de ce que le Parti veut être, de ses objectifs et par conséquent du sens de sa lutte. Le nouveau programme politique devrait être le premier aboutissement d’un processus de renforcement du Parti qui concerne tantôt son organisation tantôt ses positions politiques.
La Conférence Nationale en question sera une étape importante, par conséquent le CD va assumer des positions tranchées, non pas par volonté d’imposition d’une vision du Parti, mais pour susciter le débat interne, afin de pouvoir obtenir la meilleure synthèse possible. Ces positions seront inspirées, en premier lieu de l’histoire du PST, c’est-à-dire d’un parti qui pendant longtemps s’est inspiré des principes du marxisme et du léninisme appliqués à la réalité suisse. Pour que le débat soit constructif il sera nécessaire que toutes et tous les camarades s’y engagent. Il faut absolument éviter que cette discussion soit menée exclusivement entre camarades aux postes de responsabilité dans le Parti. Au contraire ces camarades doivent stimuler le débat dans toutes les instances du Parti et des sections, il faut que chaque membre du Parti puisse s’exprimer.

Préambule
La force d’un mouvement politique se constate dans sa capacité à faire passer les idées qui lui sont propres à l’intérieur de la société. Pour des communistes ou en tout cas des militants de la transformation sociale, il est absolument faux de croire que la force politique d’une organisation se mesure avec les résultats électoraux ou le nombre d’adhérents. C’est l’influence sur le débat politique à l’intérieur de la société qui compte le plus. Dans notre cas, il est plus précis de parler de capacité que nous avons de susciter une prise de conscience des classes populaires (les prolétaires) vis-à-vis de l’exploitation capitaliste (des bourgeois). Malheureusement, si nous pensons à l’influence que notre Parti exerce sur la conscience des classes populaires suisses, nous ne pouvons que constater qu’elle est décidément peu importante. Les classes populaires, bien que dans certaines régions votent encore de manière importante pour nous, souvent ne sont pas conscientes de ce que nous voulons sur le long terme.
Nous devons partir de ce constat et nous demander qui, aujourd’hui, connaît notre projet de société. La réponse à cette question est difficile à accepter, parce que décevante, mais il est nécessaire de l’admettre. En dehors du Parti, certainement très peu de gens connaissent notre projet de société. Mais encore plus grave, nous sommes arrivés au point de nous demander aussi si ce projet est connu à l’intérieur du Parti. C’est précisément de là que nous devons partir pour reconstruire notre Parti, il faut redécouvrir qui nous sommes et ce que nous voulons. Cela revient à repenser la ligne politique du Parti.
La ligne politique d’un parti comme le notre est l’ensemble des principes fondamentaux qui nous réunit dans une seule organisation. Elle est dictée en premier lieu par l’article 1 des statuts :
Article 1
Le Parti suisse du Travail (PST-POP) est une organisation politique démocratique qui se propose les buts suivants:
  • défendre et promouvoir les intérêts matériels et culturels de la population de la Suisse, sur la base d'un socialisme démocratique s'inspirant en permanence de l'analyse scientifique de la société et des traditions humanistes; il entend par là le développement libre, pacifique, digne et humain de chacun-e comme condition du libre développement de toutes et tous et cela en harmonie avec la nature et l'environnement;
  • réaliser l'égalité des droits entre femmes et hommes et contribuer à les libérer de toute exploitation et de tout assujettissement;
  • défendre et développer les droits démocratiques de toutes et tous et dans tous les domaines;
  • contribuer à réunir une large majorité en faveur du dépassement du capitalisme et du développement socialiste de la société suisse;
  • contribuer à la recherche et à la consolidation de la paix dans le monde;
  • développer la solidarité internationale entre les peuples, entre les travailleuses et travailleurs, entre les femmes, les hommes et les enfants de la terre; contribuer à réaliser l'égalité des droits entre les peuples et à libérer ceux-ci de toute exploitation et de tout assujettissement.
Ces buts sont détaillés dans les programmes du PST-POP, qui sont formulés périodiquement en tenant compte des conditions historiques, nationales et internationales.
Le PST se réclame, de manière critique, de l'héritage des mouvements pour le socialisme et des luttes des peuples pour leur indépendance. Dans ses réflexions comme dans ses actions, il s'appuie sur les analyses développées par Marx et d'autres théoriciennes et théoriciens du mouvement révolutionnaire. Dans sa lutte pour la défense des exploité-e-s, il prend en considération l'existence des contradictions entre les classes.
Le PST coopère avec des organisations, des mouvements et des personnes qui visent des buts généraux ou particuliers convergents aux siens.

Néanmoins, il y a la nécessité de spécifier ces points dans un programme politique. C’est donc dans ce document qu’il y a le développement plus précis de la ligne politique d’un parti. Actuellement, le programme politique du Parti est celui qui a été approuvé par le Congrès de 1991 à Prilly.
La “ligne politique” du Parti est aussi l’ensemble des idées fondamentales qui guide nos analyses et notre pratique. Elle doit permettre aux instances du Parti de faire des choix sur les questions politiques qui se posent au quotidien et plus à long terme. Pour le bon fonctionnement du Parti, il est donc nécessaire qu’elle soit unitaire, cohérente et efficace. Chaque membre du Parti doit la connaître et s’y retrouver. Autrement dit, elle doit être le fruit de la synthèse entre les opinions de tous. Il ne s’agit pas pour nous d’accepter chaque position individuelle, mais de conjuguer chaque position individuelle pour construire, par un processus dialectique de synthèse, une position collective, mais unique. La nécessité de l’unité est fondamentale pour le fonctionnement du Parti, si on ne travaille pas tous pour les mêmes objectifs pourquoi resterions nous ensemble? Il est évident que la situation actuelle ne correspond pas à ces exigences. C’est donc justifié de discuter de la ligne politique du PST, mais il faut être attentif à comment on affronte ce débat. Il faudra que l’analyse et les propositions qui sont présentées soient étudiées de manière précise en s’appuyant sur des constatations objectives et non sur des sensations émotionnelles.
Il ne faut pas pourtant penser de pouvoir réinventer la roue, nous devons partir des bases plus élémentaires de notre théorie - la théorie marxiste - pour les concrétiser à la réalité spécifique de notre époque et de notre pays. Sur le plan du renforcement de l’organisation du Parti, nous devrons savoir nous inspirer des formes de luttes qui nous ont précédé, tant en Suisse qu’au niveau international. Les expériences des mouvements révolutionnaires du 20ème siècle et celles du début du siècle en cours doivent nous servir de source d’inspiration.
Nous ne nions pas la difficulté de cette tâche et son ambition, mais nous pourrons certainement y arriver en suivant une méthode analytique et une dialectique. Si nous croyons pouvoir changer cette société, nous sommes ambitieux par définition. N'ayons pas peur d’aller attaquer les fondements des problèmes, même si c’est compliqué. Si faire la révolution ne nécessitait pas de ces discussions et réflexions, si c’était facile de faire la révolution, probablement nous y serions déjà parvenus depuis longtemps.
 
Les problèmes de la ligne politique du PST-POP
Pendant les 20 dernières années, le mouvement communiste international a connu une crise probablement sans précédents. La chute du Bloc Communiste en Europe de l’Est d’une part et l’ouverture à l’économie de marché de la Chine de l’autre, sont en bonne partie à l’origine d’une grande confusion à tous les niveaux. Dans cette confusion, certains partis en Europe Occidentale et des plus importants, ont varié leurs lignes politiques de manière disparate et souvent, si on ose le dire, d’une manière opportuniste. La disparition du Parti Communiste Italien en est certainement l’exemple le plus éclatant, mais dans tous les partis communistes ou ouvriers historiques, on a connu des mutations importantes à la recherche de nouvelles sources d’inspiration après la perte de la “mère patrie” soviétique.
La même situation s’est développée au sein du PST avec les révisions du programme et un assouplissement statutaire qui ont amené à un affaiblissement organisationnel. En cherchant une nouvelle proposition politique et une nouvelle forme organisationnelle du Parti, de manière compréhensible à cause de la nouvelle situation politique, à partir de 1991 nous avons perdu des principes fondamentaux d’analyse et de structuration du Parti. Cette dynamique n’a pas cessé de se développer jusqu’à très récemment, avec sa manifestation ultime dans les tentatives de dissolution du Parti dans “A Gauche Toute!” ou dans un nouveau Parti de la Gauche de la Gauche. Ces tentatives de liquidation répondaient à l’affaiblissement du Parti, en partant de la conviction que le “vieux” concept de parti à inspiration communiste était dépassé. Au contraire, selon le CD, les causes de l’affaiblissement du Parti se trouvent dans les tentatives mêmes de recherche de nouvelles formes d’actions politiques.
En effet, avec ces tentatives, nous avons perdu de vue le sens même de notre lutte. Nous ne sommes plus pleinement conscients de la structure « classiste » du capitalisme et des mécanismes d’exploitation bourgeoise. Nous ne savons plus quels sont les facteurs structurant le système de domination, autrement dit des rapports entre système de production et sa représentation politique. Nous ne savons plus comment se caractérise notre base, quel est le facteur déterminant pour l’appartenance au prolétariat. Nous ne savons plus à travers quelles pratiques nous entendons dépasser le capitalisme. En gros, nous n’avons plus un objectif clair et une stratégie à long terme à suivre.
Un des problèmes principaux qui a amené cette recherche de nouveauté a été l’affaiblissement de l’autorité des instances nationales du Parti, qui sont de plus en plus ignorées par les directions cantonales. L’autonomie laissée au niveau cantonal a permis le développement dans le Parti de lignes politiques très disparates. Nous avons perdu la capacité de synthèse des expériences diverses pour développer une ligne commune, nous avons perdu la capacité de nous confronter de manière constructive. Chaque section cantonale s’est développée en suivant une ligne propre, sans que l’action politique soit coordonnée avec les autres. Ce fonctionnement a amené à une perte de vue de l’utilité d’un parti national dans leur fonctionnement.
Ainsi, dans les grandes sections, il y a eu une dérive parlementariste. Elles se sont tournées quasi exclusivement sur la lutte pour la conquête des sièges dans les institutions bourgeoises, sans plus accompagner à cette lutte un discours et surtout une pratique pour la transformation socialiste de la société. Au contraire, les sections plus faibles se sont souvent concentrées sur les discussions idéologiques en s'éloignant de la pratique politique concrète. Globalement, le PST n’agit plus comme une seule force politique capable d’analyser le capitalisme suisse, pour ensuite appliquer cette analyse aux réalités nationales et cantonales. Les sections ne sont pas en mesure d’effectuer ce travail, car elles sont trop liées aux réalités locales qui ne leur permet pas de développer une vision globale. Ainsi, ce qui manque à notre Parti est le soutien des instances nationales à la pratique politique des sections. Les sections sont laissées à elles-mêmes face aux problèmes de fond, que seulement une structure nationale peu aider à affronter.
Le parti national doit savoir en finir avec la confusion sur qui nous sommes et ce que nous voulons. Peu de gens savent aujourd’hui ce que nous sommes et ce que nous voulons. Ceci parce que, comme nous l’avons déjà annoncé, cette ambiguïté est présente aussi à notre interne. Le vrai problème du PST, qui nécessite des réponses urgentes, est de nature opérationnelle et analytique, autrement dit il faut savoir nous redonner une ligne politique claire et unitaire, qui est actuellement trop concentrée sur le court terme.
Le militantisme dans notre Parti est devenu une lutte pour les petites causes des petites gens, qui est certes fondamentale et louable, mais aussi limitative. Nous ne sommes plus capables d’affronter les grandes causes de ces petites gens. Nous n’avons même plus l’ambition de penser à l'éventualité de changer les rapports de production, de faire la révolution. Nous sommes un Parti de résistance face aux attaques néolibérales, mais nous ne savons pas proposer des alternatives concrètes qui soient radicalement différentes des propositions socio-démocrates.
Le Comité Directeur considère que pour attaquer ce débat il faut partir des fondements de ce que nous sommes et de ce que nous voulons. En ce sens, le débat de fond doit se développer sur le sens qu’on veut donner au renforcement du Parti. Ainsi, nous considérons que le renforcement doit passer par la construction d’un parti d'inspiration communiste dans notre pays, sans que cela ne choque personne.
Pour certains camarades, il n’est pas clair si nous voulons être un parti d’inspiration communiste ou quelque chose d’autre. Mais surtout, et ceci pour tout le monde, il n’est pas clair ce que voudrait dire pour nous, être un parti qui se prétend tel. Selon le Comité Directeur, il est nécessaire de redevenir un parti à inspiration communiste, non pour autosatisfaction, comme certains l’ont insinué, mais pour ce qui concerne la pratique et l’analyse qu’on a sur la société. Certains camarades ont peur, ou aversion pour ce débat, car considéré comme superflu, comme non prioritaire. Derrière cela, il y a certainement un sentiment de méfiance vers une image caricaturale et négative du communisme. D’autres camarades ne comprennent pas la nécessité de ce débat, car pour eux l’identité communiste du PST serait évidente. En réalité, il existe un sentiment d'ambiguïté sur cette situation, par conséquent ce débat est central pour affronter à la racine les problèmes du Parti.
Malheureusement, plusieurs camarades ne veulent pas se libérer d’un poids sur la conscience, pour lequel, surtout nous - les communistes suisses - n’avons rien à nous reprocher. Souvent le débat interne est biaisé par des préjugés que nous avons des nos camarades et de leurs idées, sans être capables de les écouter parce qu’ils sont des “stalinos” ou parce qu’ils sont des “réformistes”. En réalité, il ne s’agit pas de savoir si on est des “purs et durs” ou si on est des “socio-traîtres”. Il ne s’agit pas de savoir si on veut revenir au vieux modèle de parti ou si on veut avoir un parti moderne, adapté à la réalité du XXIe siècle, car je crois que sur ce point nous sommes tous d’accord.
Le problème est bien plus concret, bien que ces étiquettes y jouent un rôle. Le débat sur le communisme, comme le CD l’étend, doit se faire de manière très concrète, il faut traiter de la capacité analytique et organisationnelle du Parti. Le concept de “Parti Communiste” a des contenus théoriques claires, qui structurent l’organisation du parti et en construisent la ligne politique. Il ne s’agit pas de créer un idéal métaphysique comme pourrait être le futur parti de “La Gauche”, vide de signification théorique tantôt pour les analyses de la société que pour le fonctionnement du Parti. Ce discours doit valoir aussi pour le parti d'inspiration communiste, qui ne doit pas être une simple étiquette ou boîte remplie de concepts dogmatiques. Quand on parle de parti d’inspiration communiste on sait qui sont les auteurs qui l’ont décrit, on sait comment il s’organise, quelle lignes stratégiques développer et surtout quels principes d’analyse sur la société il adopte.

Il y a quelque chose qui bouge, mais il faut concrétiser
Malgré ces problèmes, il est juste d’affirmer que de bonnes nouvelles commencent parfois à se faire entendre. La sortie du Parti de l’alliance “A Gauche Toute”, qui devenait le lieu où notre député national agissait en dehors de tout contrôle démocratique de la part du Parti, a certainement été le premier moment visible. Néanmoins, des signaux minimes étaient déjà présents, la fondation des nouvelles sections de Berne et Saint-Gall ainsi que le rajeunissement et la fortification de la section du Tessin en étaient des exemples. Aujourd’hui, les bons résultats électoraux de la section de Neuchâtel, ainsi que la fondation de la section des Grisons et peut-être celle de Soleure, le rajeunissement d’autres sections, le rapprochement entre le Neue PdA et le PdA 1944 et le probable lancement d’un mouvement de jeunesse du PST doivent nous donner de l’espoir que nous sommes à la sortie de la crise. Ces faits sont aussi un signal de l’évolution de la société. C’est le début d’une prise de conscience de la nécessité de dépasser les vieux traumatismes pour pouvoir lutter unis contre la société capitaliste.
Comprendre ce moment est fondamental pour le futur du Parti. Pour mieux le représenter nous pouvons reprendre une formule déjà utilisée par d’autres camarades : “il faut arrêter de jouer aux orphelins du Mur de Berlin”. Par là, on veut dire qu’il faut affronter notre passé debout, comme des adultes, sans complexe ni mélancolie, afin de construire notre futur.
Toutefois, il faut que nous traduisions ces belles nouvelles en un développement organisé du Parti et donc aussi du mouvement populaire. Nous devons construire sérieusement et avec clairvoyance notre projet de société. Cela en sachant regarder, avec suffisamment de recul, dans le passé pour pouvoir en tirer des enseignements pour le futur. Nous devons savoir analyser notre passé de manière objective, sans immiscer les sentiments et les passions, ces instruments d’analyse on les laisse aux religieux.

Comment pouvons-nous sortir de cette situation
Un parti à tradition marxiste-léniniste3, tel que nous sommes historiquement, devrait aspirer à fonctionner selon le principe de l’unité. Nous considérons que l’unité d’action et d’analyse nécessaire au parti doit être le miroir de notre projet de société. Pour nous, le collectif prime sur l’individu. Ce qu’un individu produit (en termes généraux et non économiques) dans une société est d’autant plus fort s’il collabore avec d’autres. La somme des efforts individuels ne sera jamais à la hauteur d’un effort collectif coordonné. Pour nous, il faut que la société soit, non une agrégation d’individualités, mais une communion des forces productives. Nous retrouvons ainsi le mot communisme, en commun. Comme nous l’avons annoncé plus haut, pour nous la question du communisme est centrale. Il faut absolument qu’après la Conférence Nationale, il soit clair quelle identité détient le Parti. Ainsi, comme nous l’avons déjà dit, selon le Comité Directeur, pour renforcer le Parti, il est nécessaire de redevenir un parti qui fonctionne selon les principes d’un parti communiste.

  1. Qu’est-ce que ça veut dire être un parti communiste?
La réponse à cette question doit toucher plusieurs points et surtout parler des contenus du mot communiste. Nous ne devons pas tomber dans le piège de la définition métaphysique du parti communiste, car ça serait la porte ouverte au sectarisme, à l’autoritarisme ou au dogmatisme. En effet le concept “communisme” est théoriquement très précis, mais des années d’anticommunisme ont offusqué son contenu en le liant exclusivement à des situations politiques spécifiques. Nous devons sortir de la logique défensive, qui nous veut justificateurs de notre projet politique, pour redevenir une force politique prépositive et fière de combattre le capitalisme et ses représentants. Ainsi à ce sujet il est nécessaire de poser des questions plus approfondies.
  1. Est-ce que notre Parti propose un changement radical pour un projet de société socialiste ou il veut améliorer le capitalisme petit à petit pour lui donner un visage humain?
La position qui a toujours été celle de notre Parti, est d’aspirer à l’instauration d’un système socialiste, fondé sur des bases complètement nouvelles, de progrès par rapport aux “règles” capitalistes. Ceci en renversant les rapports de force au sein de la société suisse en faveur des prolétaires. Nous considérons que cette position doit être maintenue, fortifiée et développée. Nous ne voulons pas un Parti comme un cartel électoral, dont le but existentiel est de conquérir l’espace politique à la gauche du PS. Nous voulons une organisation qui fonctionne de manière globale pour la transformation sociale. De plus, nous devons nous distinguer des mouvements “anti”, car nous ne voulons pas nous arrêter à une opposition stérile au capitalisme, mais proposer des solutions pour la construction de la société socialiste. Nous considérons qu’il est nécessaire de rompre radicalement avec le système capitaliste, parce que l’exploitation est inscrite dans sa nature même. Nous sommes pour l’organisation collective et démocratique de la société dans tous ses aspects, en premier lieu celui de la production. Un parti d’inspiration communiste est le parti qui agit pour la rupture avec le capitalisme pour l’instauration du socialisme.
  1. Quelles sont les contradictions fondamentales du capitalisme qui le rende à la fois injuste et vulnérable?
La société capitaliste comme nous la vivons aujourd’hui, et malgré les évolutions qui la différencient de celle que Marx connaissait, est fondé sur les mêmes contradictions que le fondateur du socialisme scientifique a décrit. Le mécanisme principal qui la caractérise est celui de l’exploitation d’une minorité sur la grande majorité. Cette exploitation se distingue des exploitations de type esclavagiste ou féodale par la division entre deux classes : les propriétaires des moyens de production (les bourgeois) et ceux qui leur vendent leur force de travail (les prolétaires). Dans la société capitaliste les bourgeois, avec l’excuse d’être propriétaires des moyens de production, se permettent de voler une grande partie du travail des travailleurs. Cette situation est injuste parce que c’est seulement grâce au travail des prolétaires qu’une production est possible. Toute machine, même la plus compliquée, ne pourra jamais tourner sans qu’un être humain la fasse fonctionner. Or, pourquoi le fait de tout simplement être propriétaire pourrait légitimer de voler aux travailleurs le fruit de leur activité? Il n’y a pas une raison rationnelle, mais seulement une envie des bourgeois de pouvoir continuer à profiter du travail des autres, c’est-à-dire réaliser de profits.

C’est en tant que propriétaires des moyens de production que les capitalistes exercent la fonction dirigeante dans l’organisation capitaliste du travail et de production. C’est la condition prolétarienne de l’ouvrier, par contre, son exclusion de la propriété des moyens de production, qui réduit l’ouvrier au rôle d’objet, au rôle de simple matériel dans le processus capitaliste de travail et de production et qui le prive de toute influence sur la direction de ce processus.
De la propriété des moyens de production résulte également la contradiction fondamentale du capitalisme : la contradiction entre le caractère social du processus de production et la forme capitaliste, privée de l’appropriation des produits. [...]
Le but de la production capitaliste n’est pas la satisfaction des besoins des hommes, mais le profit. L’homme et ses besoins sont absents du champ visuel du capitalisme, qui ne s’intéresse à l’homme que dans la mesure où il peut l’utiliser pour l’acquisition du profit. [...]
Or l’ouvrier produit, par son travail, une valeur supérieure au prix - représenté par son salaire - de sa force travail. C’est précisément de ce surplus de production, de la plus-value, c’est-à-dire de la part non rétribuée du travail de l’ouvrier, que le capitaliste tire son profit. Tel est le mécanisme de l’exploitation du travail salarié par le capital. Voilà pourquoi le rapport entre capitalistes et ouvriers est un rapport d’exploités.”4

Pour les communistes cette situation doit être dépassée. Ainsi nous devrions soutenir la gestion collective de la production où chacun participe selon ses capacités et reçoit selon ses nécessités. Seulement en garantissant une gestion démocratique et collective de la production, il sera possible d’éliminer l’exploitation, c’est-à-dire rendre à chacun le fruit de son travail.
Si le mécanisme d’exploitation du système capitaliste fait la force des bourgeois, la soif de profit de ces derniers en est le point faible. Le capitaliste ne voit pas la société comme un collectif qui doit vivre de manière harmonieuse, mais comme un ensemble d’individus en lutte l’un contre l’autre afin de conquérir plus de richesses possibles. Ainsi non seulement il organise l'exploitation des prolétaires, mais il se met en concurrence avec les autres capitalistes. Cette situation est la source de la contradiction fondamentale qu’il faudra alimenter pour abattre le système capitaliste. La crise actuelle en est la manifestation la plus évidente à l’époque contemporaine. Malgré tout ce que les économistes bourgeois affirment, nous ne sommes pas confrontés à une crise financière, mais à une crise de surproduction.
La soif de profit des capitalistes les amène à faire baisser les salaires des prolétaires pour garder une plus grande part de leur travail. Cette dynamique affaiblit le pouvoir d’achat des prolétaires qui ne peuvent plus acheter la production vendue par les capitalistes. Par conséquent les capitalistes n’arrivent plus à écouler la production, en faisant ainsi travailler les prolétaires sans avoir suffisamment d’entrées pour les payer. Il existe différents escamotages que les capitalistes essayent pour se maintenir en vie. Par exemple ils pratiquent la réduction des coûts de production (licenciement ou baisse de salaire). De manière plus indirecte et récente nous trouvons l’utilisation de l'endettement. On augmente de manière fictive le pouvoir d’achat des prolétaires en leur faisant des prêts à des taux “convenables”. Les prêts servent à permettre de garantir la consommation d’une surproduction. Toutefois ce remède ne peut être que temporaire, car quand les dettes deviennent tellement grandes que personne ne peut les payer, le système craque. En effet, sur le long terme il est inévitable que la crise éclate et les capitalistes plus faibles font faillite. Cette certitude dérive tout simplement du fait que la soif de profit est dans la nature même du capitalisme. Cette soif de profit se répercute sur la possibilité de réaliser ces mêmes profits, vu que plus personne ne pourra acheter ce que les capitalistes vendent.
Les sorties de la crise peuvent être de deux types, lorsque les capitalistes survivants sont suffisamment forts et les communistes pas assez préparés, ils instaurent un nouvel ordre capitaliste de type monopoliste. Néanmoins si les communistes sont bien organisés ils peuvent profiter du moment de faiblesse des capitalistes pour pousser, plus que jamais, les contradictions du capitalisme et construire un mouvement populaire pour la révolution socialiste. Notre objectif, en tant que parti d’inspiration communiste en Suisse, en ce moment de crise, devrait être précisément de forcer ces contradictions. Il ne s’agit pas de faire un discours “le pire pour mieux”. Au contraire il faut forcer les revendications pour que les contradictions du système apparaissent encore plus évidentes. Nous devons donner la possibilité aux classes populaires de croire que se défaire de l’exploitation capitaliste est possible.
  1. Qui est notre base?
En cherchant encore une fois dans la théorie marxiste, le capitalisme est pour nous le système d’organisation de la société fondé par l’exploitation bourgeoisie sur les prolétaires. Le parti d'inspiration communiste est le parti qui organise les prolétaires pour faire face à la lutte de classes. Or, malgré que ces termes puissent être vus comme dépassés, leur portée analytique est encore tout à fait actuelle. Ainsi les personnes auxquelles le Parti devrait s’adresser sont les prolétaires, mais qui sont les prolétaires? Une analyse attentive et approfondie de la structure de la société est nécessaire pour répondre à cette question de manière précise. Toutefois nous pouvons justement reprendre la formule marxiste classique comme base sur laquelle travailler. Les prolétaires sont toutes les femmes et les hommes dont le seul moyen de survie est leur propre force de travail. Les prolétaires ne possèdent ni propriété foncière ni moyens de production. Ainsi les prolétaires n’ont d’autre possibilité, à l’intérieur d’une société capitaliste, que de vendre leur force de travail à des bourgeois. Ils et elles se trouvent donc dans une situation de faiblesse, car leur vie dépend du sort que leur réserve les patrons. Il est évident que l’idée de prolétaire ne doit pas être assimilée à l’ouvrier de type “fordiste” des grands établissements industriels. Aujourd’hui, mais peut-être déjà depuis quelques années, les formes de conditions prolétariennes sont certainement multiples. Nous devrons ainsi être capables d’en définir les caractéristiques précises, afin de savoir interpréter les formes de lutte plus adéquates.
  1. Quelle est la stratégie à suivre pour atteindre notre objectif, le socialisme?
Le parti d’inspiration communiste devrait être le parti qui travaille pour unir les prolétaires dans un seul mouvement. L’unité des prolétaires est la seule manière pour eux de se défaire de la bourgeoisie, c’est-à-dire gagner la lutte de classes. L’arme la plus puissante de la bourgeoisie est la concurrence entre les travailleurs, car tant que ceux-là n’arrivent pas s’accorder à quel prix vendre leur force de travail, un dumping sur ce prix existera et tendra à le réduire. Cependant au moment où les prolétaires arrivent à contracter le prix de leur force de travail, ils pourront se rendre compte qu’ils ne doivent rien du tout aux patrons. Cette prise de conscience doit être le but du parti d’inspiration communiste. En effet, il faut que l’unité des prolétaires soit précisément orienté à cette fin, car si la fin dévient la gestion de la société bourgeoise elle perd tout son sens et dévient, parfois, même réactionnaire. Pour nous le parti d’inspiration communiste devrait être le parti qui se propose donc de développer la conscience de classe parmi les prolétaires, afin qu’ils comprennent leur situation d’exploitation, en sortant de leur situation d’aliénation et pour qu’ils s’engagent dans la lutte contre le bourgeois. Ainsi il est important de souligner encore une fois que la base du parti ce ne sont pas les électeurs, ni les sympathisants. La politique du parti doit s’orienter vers les prolétaires et doit toujours tenir compte de l'opposition entre eux et les bourgeois.
Afin de gagner la confiance des prolétaires le parti d’inspiration communiste doit s’engager pour développer le conflit social. Par là nous entendons identifier les moyens que la bourgeoisie utilise pour exploiter les prolétaires afin de les dénoncer et les combattre. Cette lutte servira premièrement aux communistes pour démontrer aux prolétaires leur engagement auprès d’eux et à en gagner la confiance. Deuxièmement, les victoires dans les luttes concrètes permettront de limiter la concurrence entre les classes populaires et faciliter l’union contre les seuls responsables de leur exploitation, les bourgeois. Troisièmement, la présence dans les conflits sociaux est fondamentale pour les communistes afin de faire passer la prise de conscience des prolétaires. En conclusion, le développement du conflit social doit se faire en fonction du développement de la lutte de classes.
La lutte de classes est le combat qui va permettre aux prolétaires de conquérir le contrôle des moyens de productions et donc l’organisation de manière collective et démocratique de la production et de la société toute entière.
  1. Comment pouvons-nous nous organiser pour prôner nos luttes?
Le parti d’inspiration communiste devrait savoir interpréter les situations d’exploitations des prolétaires pour pouvoir en organiser les luttes. Un des lieux priviligiés où combattre l’exploitation capitaliste sont certainement les institutions bourgeoises. La présence des communistes dans les parlements et avec beaucoup de précaution dans les exécutifs est une partie centrale de l’activité d’un parti qui opère dans un cadre démocratique libéral. La participation aux institutions doit être un élement pour dénoncer et combattre l’exploitation y compris avec des positions réformatrices. Néanmoins cette participation doit avoir, comme nous l’avons déjà souligné plus haut, trois finalités: démontrer aux prolétaires qu’ils peuvent compter sur nous, lutter pour limiter la concurrence entre les prolétaires et développer la conscience de classe. Ces trois orientations de la lutte doivent être nos objectifs stratégiques et ils doivent se développer de manière à former un tout. Si l’activité parlementaire se résume à l’amélioration du capitalisme nous serions un parti socio-démocrate.
Toutefois il est fondémental que l’action des communistes se développe aussi en dehors du cadre institutionnel, c’est même plus important. Il faut que les communistes travaillent pour les trois objectifs stratégiques dans tout le tissu social. Il faut que les communistes soient présent dans les associations d’intérêts collectifs, dans les syndicats, dans les établissements scolaires, partout où il y a des contradictions du système capitaliste. Il est donc possible que les communistes doivent s’engager pour créer ces lieux d’aggregation pour faire face à des facettes de l’exploitation. Il s’agirait par exemple de développer des coopératives pour l’echange directe entre petits producteurs et consommateurs, en écartant la spéculation des grands distributeurs.
L’utilisation des mass-média doit être prudente, nous ne pouvons pas croire que la presse bourgeoise nous laisse gagner nos luttes à travers eux. Nous devons comprendre que le seul appui sur ces moyens de communication ne nous permettra pas de créer une véritable conscience de classe. Pour cela nous devons souligner l’importance de nos journaux et de nos sites internets qui doivent être soutenus et développées.

Conclusions
La construction d’un parti d’inspiration communiste, comme objectif général que nous devons nous donner, est un processus qui va se structurer et se redéfinir avec les expériences pratiques. Le Parti devra interagir avec le contexte de manière dialectique pour ajuster en continuation ces pratiques à la réalité changeante. Néanmoins ce processus doit garder comme objectif les fondements du sens de notre lutte, c’est-à-dire le dépassement de l’exploitation capitaliste. Il faudra être novateur ou réformateur sans tomber dans le réformisme ou le révisionnisme. Le Parti devra savoir dialoguer avec les prolétaires, non pour reprendre de manière populiste le sens commun alimenté par la bourgeoisie, mais pour interpréter et comprendre les conditions d’exploitation qui s'instaurent dans la société. Nous devons être un parti à l’écoute des classes populaires, un parti ouvert, mais capable d’expliquer par ses propres moyens les situations d’exploitation.
La tâche que nous nous proposons avec ce document n’est certainement pas un projet facile. Nous sommes conscients de notre ambition, mais nous sommes révolutionnaires, c’est dans notre nature de l’être. Cette ambition ne doit pourtant pas devenir arrogance, nous n’avons pas toutes les réponses à toutes les questions. Nous devons savoir étudier avec humilité et constance nos conditions de vie et de militants en sachant faire une autocritique quand cela dévient nécessaire. Le militant communiste doit être l’exemple pour les autres, son attitude et son comportement sont le reflet de son projet politique. Ainsi le militant communiste doit être capable de discuter avec respect, même avec ceux qui ne se sont pas d’accord avec lui. Il doit être le militant plus actif, plus constant, plus studieux.
Nous ne devons pas développer la conscience de classe à travers le folklore, mais en expliquant nos points de vue pour que cela soit compris dans leur sens le plus profond. Seulement de cette manière la construction d’un parti d'inspiration communiste sera possible et les fruits en seront durables. Nous devons savoir nous rapprocher de manière plus concrète aux classes populaires, afin que chaque prolétaire comprenne le sens profond de notre lutte. Sans diluer nos idées et notre identité par peur de ne pas être compris, nous devons militer à côté des classes populaires, des prolétaires. Nous devons être leur organisation politique qui les guide vers l’unité et la révolution socialiste.


1 A remarquer que cette formulation est le sous-titre des programmes du parti jusqu’en 1971

2 Pour faciliter la lecture le nom du Parti sera écrit seulement PST, ce choix ne veut en aucun cas oublier que des sections du Parti portent le nom de Parti Ouvrier Populaire.

3 Pendant longtemps dans nos statuts figurait dans l’article premier que nous étions d’inspiration Marxiste-Leniniste.

4 Programme du PST-POP approuvé au VIIe Congrès le 16-18 mai 1959.