bâtiment • Alors que s’améliorent les techniques de
construction, les accidents sur les chantiers restent nombreux, à
l’exemple du Tessin.
Au Tessin, depuis le début de l'année, il y a eu cinq accidents
mortels sur des lieux de travail, en particulier dans la
construction. Des enquêtes de police ont été lancées afin
d’établir les responsabilités éventuelles des entreprises et des
directions des travaux. Ce que considèrent les syndicalistes, eux,
c’est que le travail sur les chantiers est dangereux. Si les
techniques de construction se sont améliorées, les ouvriers
continuent en effet de mourir en travaillant. Il y a là une
contradiction que Unia-Tessin veut expliquer en récoltant le plus
grand nombre d'informations pour les analyser et afin de démontrer
une fois pour toutes les phénomènes qui amènent aux tragédies de
ces derniers mois. «Nous ne voulons pas la réduction des accidents
mortels, mais la fin des morts sur les chantiers», explique le
syndicat. Le 23 avril au matin, Unia avait convoqué une conférence
de presse pour présenter cette campagne sur la sécurité au travail
lorsque le troisième accident mortel se produisit. Les dirigeants du
syndicat s’exprimèrent devant les médias alors que le corps était
encore chaud.
La SUVA émet des vœux pieux
Qui connaît les chantiers sait que les organes de prévention, en
particulier la SUVA, se limitent à réduire la sécurité à une
question technique et à un coût. Il faut mettre le casque, il faut
des échafaudages montés selon les règles de l’art, il faut
utiliser les protections pour les machines, etc. La SUVA invite
toujours les travailleurs à dire stop quand un travail est
dangereux, néanmoins cela demeure un vœu pieux quand on connaît un
petit peu les lois sur le travail en Suisse et leur effet sur les
lieux de travail. Face à un marché toujours plus sauvage, soumis
aux intérêts des banques et des gérances immobilières, les droits
des travailleurs comptent peu et ils reculent depuis des décennies.
Aucune véritable protection contre le licenciement n’est établie
par la loi et il n'y a pas moyen de la faire introduire dans des CCT.
Alors que se passe-t-il quand les travaux doivent avancer vite et que
les ouvriers n'ont pas le temps pour se reposer ou se soigner? Quand
les prix sont fortement en concurrence, les entrepreneurs s'arrogent
le droit d'oublier les installations de sécurité, sans parler des
jours où il y a la nécessité de travailleur sous la pluie!
Peut-être pour garantir une augmentation régulière des coûts de
la santé... Les dernières années, au Tessin, mais aussi partout en
Suisse également, les facteurs généraux de maladie où d’accidents
n'ont pas été réduits. Rien que le fait de goudronner une route
pendant 9 heures 30 par jour devrait déjà expliquer clairement
pourquoi ces travailleurs peuvent tomber malades en moyenne beaucoup
plus que d'autres.
La démarche du syndicat pourrait donc faire émerger des
revendications à mettre sur la table lors des négociations pour le
renouvellement de la convention nationale du bâtiment en vigueur
jusqu’à fin 2015. Avant tout, pour plus de repos, 8 heures de
travail par jours au maximum, afin que chacun puisse se reposer 8
heures et profiter de 8 heures de temps libre.
La grande frénésie dans la construction est la conséquence de la
forte spéculation actuelle sur l'achat et la vente des terrains et
des bâtiments. Les patrons du bâtiment ont toutefois vu leur
chiffre d'affaires augmenter de 33% ces dix dernières années. Ces
milliards n'ont cependant pas permis aux ouvriers du bâtiment
d’améliorer leur sort sur le plan de la CCT et encore moins sur
les conditions de travail sur les chantiers. Un exemple: pour le
canton de Vaud, une recherche a montré que le travail au noir,
effectué par des travailleurs sans-papiers, avec des salaires
inférieurs aux minima, sans protection sociale aucune, dépasse le
20% du total du secteur. Il n'y a pas d'excuses! Avec un tel marché
du travail les accidents sont inévitables.
Un changement de politique en matière de sécurité sur les
chantiers ne sera possible que lorsque la construction sera à la
mesure de l’être humain, tant sur le plan de la production que de
la planification. Pour commencer: ne travailler que 8 heures par
jour, ne pas travailleur sous la pluie et protéger tous les
travailleurs contre le licenciement. n