mercredi 23 septembre 2009

Chômage, chomeurs et lois sur le chômage en Suisse

En suisse nous disposons d’une assurance sociale contre le chômage. Cette conquête est un des instruments plus importants pour limiter la concurrence entre les travailleurs et lutter contre le précariat. L’assurance-chômage permet aux travailleurs et aux travailleuses qui perdent leur travail de disposer d’un revenu substitutif. Ce revenu devrait laisser le temps aux chômeurs pour retrouver un autre travail sans que les travailleurs doivent immédiatement accepter de travailler à n’importe quelles conditions.
La concurrence entre les travailleurs est un des éléments plus négatif du capitalisme, car elle divise les classes populaires et permet aux patrons d’oeuvrer en position de force. L’assurance chômage est donc pour nous un instrument fondamentale pour la défense de travailleurs.
L’assurance chômage telle comme elle est actuellement n’est cependant pas parfaite, une extension des prestations est nécessaire pour renforcer la lutte à la concurrence. Ceci est de tant plus nécessaire dans un nouveau monde du travail au les formes de travail précaires prennent de plus en plus de place.
Au contraire la majorité des forces politiques de notre pays se bornent à sauver les comptes de cette assurance sans affronter les problèmes du chômage. Le Conseil Fédéral avant tout le monde reconnaît l’augmentation du chômage en cette période de crise, mais aborde le problème par le petit bout de la lorgnette. Sans se soucier des origines de cette hausse, ni de ses effets sur les classes populaire.
Les bourgeois mettent l’assurance chômage de plus en plus sous attaque, car il ont la nécessité d’une “armée de travailleurs de réserve”, comme Marx l’as définie. C’est-à-dire un nombre important de travailleurs que plutôt de rester sans revenu du tout, ils sont disposés à accepter un travail à des conditions défavorables. En gros l’objectif de la classe dominante est augmenter le nombre de personnes en situation de précarité et donc plus faciles à exploiter.
L’excuse qui continuellement est mise en avant est celle du financement de l’assurance, ainsi des révisions se suivent avec la justification de la réductions les coûts, autrement dit pour couper des prestations.
Pour notre compte nous considérons que la question de l’assurance chômage, comme aussi pour toute assurance sociale, doit d’abord s'intéresser à comment offrir les meilleures prestations aux travailleurs et ensuite tout essayer pour trouver les financements. Ce que la droite n’as certainement pas l’intention de faire. Emblématique est dans ce sens la manière dont le Conseil Fédérale semble jour avec le toux des cotisation professionnelles.
En 2001, période d’embellie conjoncturelle, le Conseil Fédéral proposait de baisser les cotisations prélevées sur le salaire, les faisant passer de 3 à 2%. En 2008, sous les auspices d’une nouvelle crise, il envisage de faire un petit pas en arrière, et d’augmenter les cotisations de 0.2%. En revanche, les deux réformes diminuent les prestations en faveur des chômeurs/-ses. En 2001, le projet promettait des économies de 358 millions sur le dos des chômeurs, et celui de 2008 en ajoute à hauteur de 533 millions
Les libéraux ne chôment pas
Une nouvelle révision est en phase d’élaboration, dont les contenus visent à réduire les prestations pour les catégories déjà plus fragilisées : les jeunes, les travailleurs porches de la retraite et les régions plus touchés par le problème du chômage. Analyser de près cette révision nous montre clairement les réelles intentions des patrons et leurs représentants politiques.
Ce projet du Conseil Fédéral est actuellement débattu par le Parlement, et la majorité bourgeoise penche à l’heure actuelle vers plus d’économies encore. Nous vous proposons donc un petit aperçu des modifications qui pourraient toucher le droit du chômage dès 2010 ou 2011.
Prochaine réforme : combattre les chômeurs plutôt que le chômage
Les plus de 55 ans et les invalides partiels
Pour avoir droit à des indemnités de chômage, il faut avoir travaillé (et cotisé à l’assurance-chômage) durant un certain temps. Actuellement, un an de travail garantit un an et demi d’indemnités. Les plus de 55 ans et les invalides partiels ont même droit à deux ans d’indemnité s’ils ont travaillé durant un an et demi auparavant.
Avec la réforme projetée, la même durée de travail donne droit à moins d’indemnités : un an de travail garantit un an d’indemnités, et il faut 15 mois de travail pour avoir droit à un an et demi d’indemnités. Quant aux plus de 55 ans et aux invalides partiels, ils nécessitent presque deux ans de travail pour avoir droit à deux ans d’indemnités. Cela représente, selon les prévisions du Conseil Fédéral, une économie de 114 millions par an. Et les personnes touchées seront, en premier lieu, les travailleurs les plus précaires, qui peinent à trouver des emplois et ont des engagements de courte durée. Les plus de 55 ans seront plus touché que les autres : alors qu’ils représentent 16% des chômeurs, ils constitueront 24% des personnes touchées par ces mesures d’économie. En d’autres termes, l’assurance chômage protégera moins contre la précarité de l’emploi.
Les jeunes
Les personnes qui viennent d’achever leur formation se trouvent dans une situation spéciale, puisqu’ils n’ont par définition pas encore cotisé à l’assurance-chômage, mais sont à la recherche d’un premier emploi souvent difficile à trouver. La loi actuelle leur permet donc de toucher des indemnités durant une année, et prévoit un traitement plus favorable pour les personnes avec enfants à charge.
La nouvelle loi sur le chômage ne donnera plus droit à des indemnités que durant six mois environ (120 jours ouvrables), et ne distinguera plus les parents des personnes seules. De plus, avant de recevoir la moindre indemnité, la nouvelle loi fixe un délai d’attente d’une année, durant lequel la personne devra être enregistrée à l’Office Régional de Placement (ORP). En d’autres termes, les chômeurs devront s’inscrire auprès de l’ORP immédiatement après avoir reçu leur titre de formation, mais ne recevront rien durant la première année. Lorsque l’on sait que de nombreuses personnes tardent à s’annoncer au chômage en espérant se débrouiller financièrement et trouver rapidement un emploi, on peut craindre l’effet de cette mesure. Et que nombre de jeunes, faute de chômage, se trouveront à l’aide sociale.
De plus, le Conseil des Etats a choisi de durcir les critères concernant les emplois qu’un jeune est forcé d’accepter. Jusqu’à 30 ans, chacun pourra donc se trouver contraint d’adopter un emploi hors de sa formation ou de son emploi habituel. L’Etat se trouvera donc dans le rôle étrange de financer la formation des jeunes, puis de les pousser à travailler dans des emplois moins qualifiés. Au risque, bien sûr, de prendre l’emploi d’autres personnes et de créer d’autres chômeurs…
Les régions pauvres
Actuellement, un Canton peut obtenir une prolongation des indemnités de ses chômeurs, pour une région particulièrement touchée par le chômage, s’il finance 20% de la mesure. Avec le nouveau droit, il faudra qu’il contribue à hauteur de 40% de la mesure. En d’autres termes, les Cantons pauvres sont mis à contribution.
De plus, la prolongation des indemnités ne sera possible qu’en cas d’augmentation du chômage au niveau suisse. Cela veut dire qu’un canton ne pourra plus bénéficier de cette mesure si la majorité des cantons voient leur chômage diminuer. Cela veut dire aussi que la mesure est envisageable lorsque le chômage monte en flèche, mais n’est plus permise s’il diminue lentement, tout en restant à un niveau élevé. C’est d’autant plus absurde que le taux de chômage est calculé sur la base des chômeurs inscrits. Et comme les chômeurs en fin de droit ne sont plus comptabilisés, ils font diminuer artificiellement le taux, alors qu’ils nécessiteraient justement un soutien…
Le chômage est-il une fatalité ?
En somme, cette réforme ne prend de l’assurance-chômage que son aspect d’assurance, mais oublie qu’il s’agit d’une assurance sociale. Le chômage est vu comme une fatalité, qui peut toucher tout un chacun. En conséquence, on demande une contribution similaire à chacun, et on indemnise les personnes touchées par le chômage en proportion de ce qu’ils ont payé. Et au moment de faire des économies, on s’attaque en priorité aux bénéficiaires les plus nombreux de l’assurance.
C’est oublier que le chômage ne tombe pas du ciel, et que l’assurance-chômage se prétend une assurance sociale. Le chômage n’est pas une simple fatalité, il est aussi la conséquence d’un salariat toujours plus précaire. En 20 ans, la part des salaires dans le PIB mondial a diminué de 7% au moins, tandis que la part des dividendes versées aux actionnaires augmentait d’autant. Si le nombre de chômeurs, que le Conseil Fédéral prévoyait en 2003 autour des 100'000, s’avère en 2007 plus proche des 125'000, c’est aussi à cause des pressions sur le salariat. Les travailleurs, qui financent par leurs cotisations la plus grande partie de l’assurance-chômage, sont toujours moins nombreux par rapport aux chômeurs. Les coûts des restructurations se trouvent donc assumés par les salariés, alors que ce sont les actionnaires qui en bénéficient.

samedi 12 septembre 2009

Nos assurances sociales sont-elles “sociales”?

Vouloir défendre bec et ongles le principe des assurances sociales ne signifie pas se satisfaire du statu quo. Car on peut de plus en plus se demander si ces assurances sociales helvétiques sont bien « sociales».

Prenons la question des retraites :
L’AVS, réclamée depuis la grève de 1918 et obtenue en votation populaire en 1947, dépend du produit du travail de tous, employés et employeurs.
Les cotisations alimentent durant l’année le Fonds AVS qui permettra de payer les rentes de l’année suivante. C’est le système de répartition qui a permis à l’AVS de traverser aussi bien les crises que l’augmentation de l’espérance de vie. De plus, les rentes sont plafonnées, quel que soit le montant des cotisations payées. Daniel Vasella assure sans doute par ses cotisations le versement de quelque 120 rentes AVS, mais ne bénéficiera pas d’une retraite AVS plus élevée que celle du commun des mortels.
Pour le 2ème pilier (LPP), il s’agit de toute autre chose. Les petits salariés ne peuvent compter que sur des rentes très basses alors que les très bien payés auront des rentes bien plus cossues, car il n’y a pas de redistribution. Le système de capitalisation du 2ème pilier permet d’engranger dans les caisses de pension des milliards (750 milliards actuellement), somme faramineuse payée pour 63% par les cotisations employés-employeurs. Ce pactole est censé grossir grâce à la spéculation boursière (27% en 2007) mais est aussi une proie facile pour les placements hasardeux ou les crises boursières. En 2008, une perte de 150 milliards était même avouée. Quant au calcul des retraites, il dépend de taux minimaux fixés par les autorités politiques, taux qui varient selon les fluctuations de l’économie. Plus de 200'000 signatures ont été récoltées cette année pour le referendum contre la diminution de 10% des futures rentes décidée par les Chambres fédérales.(120'000 signatures auraient suffi). Le vote populaire aura lieu l’an prochain. Un test intéressant qui permettra de voir qui défend vraiment les assurances sociales.
Il existe aussi un 3ème pilier, qui n’est en somme qu’une épargne personnelle défiscalisée tout au long des versement. Ce 3ème pilier fait le bonheur des assureurs privés et n’est en rien solidaire.
Que faire ?
Le PST avait proposé par une initiative une retraite populaire sur la base du systéme de répartition de l’AVS. En 1972, le peuple suisse et les syndicats ont préféré le système des 3 piliers expliqués ci dessus. Or, le 2ème pilier se délite peu à peu et dépend de plus en plus de spéculations hasardeuses. En outre, sans tenir compte de la pérennité de l’Etat, les politiques bourgeoises imposent artificiellement des couvertures à 100% des caisses publiques, comme s’il fallait en une année verser toutes les rentes à la fois !
C’est pourquoi de plus en plus de citoyens demandent avec raison que soient augmentées les cotisations à l’AVS plutôt qu’au 2ème pilier : une sorte de ripage vers l’AVS des cotisations de retraite versées.
De plus, la lutte contre la dépréciation des futures rentes du 2ème pilier dépendra de la votation populaire en 2010. Les cassandres ont déjà sorti leurs mouchoirs pour prédire des catastrophes. Souhaitons que les citoyens ne se laissent pas impressionner par ces jérémiades qui nous assomment depuis des années et des années !
Le fonctionnement de l’Assurance Chômage et de l’AI est similaire à celui de l’AVS, sans pourtant autant être efficace. Leur financement se fait essentiellement par des cotisations travailleurs-patrons (91% AC 54% AI) et des contributions directes des autorités fédérales (8% AC et 45% AI).
Ces recettes ne suffisent toutefois pas au fonctionnement de ces assurances. La droite refuse absolument de les augmenter sur une base redistributive, préférant augmenter la TVA et non les cotisations patronales. En théorie, ces assurances restent relativement redistributives. Mais les prestations qu’elles fournissent ne suffisent absolument pas.
Le cas de l’Assurance Maladie est probablement le plus catastrophique. En l’absence d’une assurance publique, un certain nombre d’assureurs privées ont transformé la santé en un grand supermarché de la rentabilité.
Le financement de cette assurance découle presque exclusivement de “primes” de base obligatoires (80%), identiques pour tous, tandis que les pouvoirs publics financent le reste (20%). Mais pour une personne peu fortunée, les primes maladie représentent une part importante, et donc problématique, du budget, tandis que la dépense apparaît minime aux riches. L’assurance obligatoire couvre les soins de base, mais ce minimum devrait être élargi puisqu’il exclut en réalité de nombreuses thérapies, que seuls ceux qui ont suffisamment d’argent peuvent se permettre sans problème.
Ces nombreux déficits des assurances sociales suisses doivent impérativement être comblés. Voilà pourquoi le PST lutte non seulement contre le démantèlement social actuel, mais aussi pour le renforcement du système d’assurances sociales en place. Lutter pour un réelle sécurité sociale implique de sauver les acquis sociaux actuels pour en conquérir des autres.

samedi 5 septembre 2009

REDONNONS UN RÔLE AU PST-POP DANS LA SOCIÉTÉ SUISSE


Qui sommes-nous et que voulons-nous ? 1

Introduction
Le Comité Central du Parti Suisse du Travail a décidé, lors de la séance du 5 septembre 2009, de la nécessité d’une discussion générale sur la ligne politique de notre Parti. Pour l’affronter, il a été décidé d’organiser une Conférence Nationale du Parti pour le 28 novembre 2009. En soutenant pleinement cette décision, le Comité Directeur a donc décidé de présenter un rapport qui propose à la fois une analyse de la situation difficile du Parti et des propositions pour le renforcer. La ligne politique originaire du PST2, qui se veut un parti pour la transformation socialiste de la société capitaliste, s’est affaiblie de manière considérable, tant vers l’extérieur qu’à l’intérieur du Parti. En tant que direction nationale nous devons agir pour que cette tendance soit inversée, nous avons la responsabilité d’appliquer les décisions qui à plusieurs reprises ont réaffirmé une ligne politique de transformation radicale de la société capitaliste. Plus précisément, nous avons le devoir de travailler pour redonner un contenu à cette idée, qui est devenue aujourd’hui une formule creuse, qui ne sert que de justificatif pour nous distinguer des formations de la gauche réformiste. Il est donc nécessaire de travailler d’abord sur le plan interne, pour redonner un vrai poids à la ligne politique du Parti, dans son contenu et surtout dans son application. Savoir orienter notre politique concrète à partir d’une ligne politique claire est le premier pas pour redonner une stratégie unitaire et un fonctionnement plus efficace au Parti.
Les propositions de changement de nom en Parti Communiste Suisse et de dissolution du Parti pour fonder le Parti de la “vrai” gauche ont alimenté la confusion sur le rôle que le Parti doit jouer dans la société suisse. Les débats à la Conférence Nationale devront servir surtout à clarifier cette situation. De plus, ils devront donner une orientation à la commission pour le nouveau programme. Les camarades qui y participent devront s'appuyer fortement sur les résultats de la Conférence Nationale pour rédiger la proposition de programme, qui sera ensuite discutée au Congrès Ordinaire de 2010. Il faut souligner l'importance de ce nouveau programme, pour qu’il puisse redonner une unité d’analyse et d’action au Parti. La faiblesse de la ligne politique est aujourd’hui un grave problème, qui cause une incapacité à approfondir les débats sur des sujets politiques de fond mais aussi sur des thèmes très concrets. Une totale fragmentation sur les choix stratégiques et tactiques, un important problème d’organisation interne et une faible conscience pour les membres de ce que signifie être militant du PST en sont les principales manifestations. De manière générale, il y a depuis plusieurs années, une perte de vue de ce que le Parti veut être, de ses objectifs et par conséquent du sens de sa lutte. Le nouveau programme politique devrait être le premier aboutissement d’un processus de renforcement du Parti qui concerne tantôt son organisation tantôt ses positions politiques.
La Conférence Nationale en question sera une étape importante, par conséquent le CD va assumer des positions tranchées, non pas par volonté d’imposition d’une vision du Parti, mais pour susciter le débat interne, afin de pouvoir obtenir la meilleure synthèse possible. Ces positions seront inspirées, en premier lieu de l’histoire du PST, c’est-à-dire d’un parti qui pendant longtemps s’est inspiré des principes du marxisme et du léninisme appliqués à la réalité suisse. Pour que le débat soit constructif il sera nécessaire que toutes et tous les camarades s’y engagent. Il faut absolument éviter que cette discussion soit menée exclusivement entre camarades aux postes de responsabilité dans le Parti. Au contraire ces camarades doivent stimuler le débat dans toutes les instances du Parti et des sections, il faut que chaque membre du Parti puisse s’exprimer.

Préambule
La force d’un mouvement politique se constate dans sa capacité à faire passer les idées qui lui sont propres à l’intérieur de la société. Pour des communistes ou en tout cas des militants de la transformation sociale, il est absolument faux de croire que la force politique d’une organisation se mesure avec les résultats électoraux ou le nombre d’adhérents. C’est l’influence sur le débat politique à l’intérieur de la société qui compte le plus. Dans notre cas, il est plus précis de parler de capacité que nous avons de susciter une prise de conscience des classes populaires (les prolétaires) vis-à-vis de l’exploitation capitaliste (des bourgeois). Malheureusement, si nous pensons à l’influence que notre Parti exerce sur la conscience des classes populaires suisses, nous ne pouvons que constater qu’elle est décidément peu importante. Les classes populaires, bien que dans certaines régions votent encore de manière importante pour nous, souvent ne sont pas conscientes de ce que nous voulons sur le long terme.
Nous devons partir de ce constat et nous demander qui, aujourd’hui, connaît notre projet de société. La réponse à cette question est difficile à accepter, parce que décevante, mais il est nécessaire de l’admettre. En dehors du Parti, certainement très peu de gens connaissent notre projet de société. Mais encore plus grave, nous sommes arrivés au point de nous demander aussi si ce projet est connu à l’intérieur du Parti. C’est précisément de là que nous devons partir pour reconstruire notre Parti, il faut redécouvrir qui nous sommes et ce que nous voulons. Cela revient à repenser la ligne politique du Parti.
La ligne politique d’un parti comme le notre est l’ensemble des principes fondamentaux qui nous réunit dans une seule organisation. Elle est dictée en premier lieu par l’article 1 des statuts :
Article 1
Le Parti suisse du Travail (PST-POP) est une organisation politique démocratique qui se propose les buts suivants:
  • défendre et promouvoir les intérêts matériels et culturels de la population de la Suisse, sur la base d'un socialisme démocratique s'inspirant en permanence de l'analyse scientifique de la société et des traditions humanistes; il entend par là le développement libre, pacifique, digne et humain de chacun-e comme condition du libre développement de toutes et tous et cela en harmonie avec la nature et l'environnement;
  • réaliser l'égalité des droits entre femmes et hommes et contribuer à les libérer de toute exploitation et de tout assujettissement;
  • défendre et développer les droits démocratiques de toutes et tous et dans tous les domaines;
  • contribuer à réunir une large majorité en faveur du dépassement du capitalisme et du développement socialiste de la société suisse;
  • contribuer à la recherche et à la consolidation de la paix dans le monde;
  • développer la solidarité internationale entre les peuples, entre les travailleuses et travailleurs, entre les femmes, les hommes et les enfants de la terre; contribuer à réaliser l'égalité des droits entre les peuples et à libérer ceux-ci de toute exploitation et de tout assujettissement.
Ces buts sont détaillés dans les programmes du PST-POP, qui sont formulés périodiquement en tenant compte des conditions historiques, nationales et internationales.
Le PST se réclame, de manière critique, de l'héritage des mouvements pour le socialisme et des luttes des peuples pour leur indépendance. Dans ses réflexions comme dans ses actions, il s'appuie sur les analyses développées par Marx et d'autres théoriciennes et théoriciens du mouvement révolutionnaire. Dans sa lutte pour la défense des exploité-e-s, il prend en considération l'existence des contradictions entre les classes.
Le PST coopère avec des organisations, des mouvements et des personnes qui visent des buts généraux ou particuliers convergents aux siens.

Néanmoins, il y a la nécessité de spécifier ces points dans un programme politique. C’est donc dans ce document qu’il y a le développement plus précis de la ligne politique d’un parti. Actuellement, le programme politique du Parti est celui qui a été approuvé par le Congrès de 1991 à Prilly.
La “ligne politique” du Parti est aussi l’ensemble des idées fondamentales qui guide nos analyses et notre pratique. Elle doit permettre aux instances du Parti de faire des choix sur les questions politiques qui se posent au quotidien et plus à long terme. Pour le bon fonctionnement du Parti, il est donc nécessaire qu’elle soit unitaire, cohérente et efficace. Chaque membre du Parti doit la connaître et s’y retrouver. Autrement dit, elle doit être le fruit de la synthèse entre les opinions de tous. Il ne s’agit pas pour nous d’accepter chaque position individuelle, mais de conjuguer chaque position individuelle pour construire, par un processus dialectique de synthèse, une position collective, mais unique. La nécessité de l’unité est fondamentale pour le fonctionnement du Parti, si on ne travaille pas tous pour les mêmes objectifs pourquoi resterions nous ensemble? Il est évident que la situation actuelle ne correspond pas à ces exigences. C’est donc justifié de discuter de la ligne politique du PST, mais il faut être attentif à comment on affronte ce débat. Il faudra que l’analyse et les propositions qui sont présentées soient étudiées de manière précise en s’appuyant sur des constatations objectives et non sur des sensations émotionnelles.
Il ne faut pas pourtant penser de pouvoir réinventer la roue, nous devons partir des bases plus élémentaires de notre théorie - la théorie marxiste - pour les concrétiser à la réalité spécifique de notre époque et de notre pays. Sur le plan du renforcement de l’organisation du Parti, nous devrons savoir nous inspirer des formes de luttes qui nous ont précédé, tant en Suisse qu’au niveau international. Les expériences des mouvements révolutionnaires du 20ème siècle et celles du début du siècle en cours doivent nous servir de source d’inspiration.
Nous ne nions pas la difficulté de cette tâche et son ambition, mais nous pourrons certainement y arriver en suivant une méthode analytique et une dialectique. Si nous croyons pouvoir changer cette société, nous sommes ambitieux par définition. N'ayons pas peur d’aller attaquer les fondements des problèmes, même si c’est compliqué. Si faire la révolution ne nécessitait pas de ces discussions et réflexions, si c’était facile de faire la révolution, probablement nous y serions déjà parvenus depuis longtemps.
 
Les problèmes de la ligne politique du PST-POP
Pendant les 20 dernières années, le mouvement communiste international a connu une crise probablement sans précédents. La chute du Bloc Communiste en Europe de l’Est d’une part et l’ouverture à l’économie de marché de la Chine de l’autre, sont en bonne partie à l’origine d’une grande confusion à tous les niveaux. Dans cette confusion, certains partis en Europe Occidentale et des plus importants, ont varié leurs lignes politiques de manière disparate et souvent, si on ose le dire, d’une manière opportuniste. La disparition du Parti Communiste Italien en est certainement l’exemple le plus éclatant, mais dans tous les partis communistes ou ouvriers historiques, on a connu des mutations importantes à la recherche de nouvelles sources d’inspiration après la perte de la “mère patrie” soviétique.
La même situation s’est développée au sein du PST avec les révisions du programme et un assouplissement statutaire qui ont amené à un affaiblissement organisationnel. En cherchant une nouvelle proposition politique et une nouvelle forme organisationnelle du Parti, de manière compréhensible à cause de la nouvelle situation politique, à partir de 1991 nous avons perdu des principes fondamentaux d’analyse et de structuration du Parti. Cette dynamique n’a pas cessé de se développer jusqu’à très récemment, avec sa manifestation ultime dans les tentatives de dissolution du Parti dans “A Gauche Toute!” ou dans un nouveau Parti de la Gauche de la Gauche. Ces tentatives de liquidation répondaient à l’affaiblissement du Parti, en partant de la conviction que le “vieux” concept de parti à inspiration communiste était dépassé. Au contraire, selon le CD, les causes de l’affaiblissement du Parti se trouvent dans les tentatives mêmes de recherche de nouvelles formes d’actions politiques.
En effet, avec ces tentatives, nous avons perdu de vue le sens même de notre lutte. Nous ne sommes plus pleinement conscients de la structure « classiste » du capitalisme et des mécanismes d’exploitation bourgeoise. Nous ne savons plus quels sont les facteurs structurant le système de domination, autrement dit des rapports entre système de production et sa représentation politique. Nous ne savons plus comment se caractérise notre base, quel est le facteur déterminant pour l’appartenance au prolétariat. Nous ne savons plus à travers quelles pratiques nous entendons dépasser le capitalisme. En gros, nous n’avons plus un objectif clair et une stratégie à long terme à suivre.
Un des problèmes principaux qui a amené cette recherche de nouveauté a été l’affaiblissement de l’autorité des instances nationales du Parti, qui sont de plus en plus ignorées par les directions cantonales. L’autonomie laissée au niveau cantonal a permis le développement dans le Parti de lignes politiques très disparates. Nous avons perdu la capacité de synthèse des expériences diverses pour développer une ligne commune, nous avons perdu la capacité de nous confronter de manière constructive. Chaque section cantonale s’est développée en suivant une ligne propre, sans que l’action politique soit coordonnée avec les autres. Ce fonctionnement a amené à une perte de vue de l’utilité d’un parti national dans leur fonctionnement.
Ainsi, dans les grandes sections, il y a eu une dérive parlementariste. Elles se sont tournées quasi exclusivement sur la lutte pour la conquête des sièges dans les institutions bourgeoises, sans plus accompagner à cette lutte un discours et surtout une pratique pour la transformation socialiste de la société. Au contraire, les sections plus faibles se sont souvent concentrées sur les discussions idéologiques en s'éloignant de la pratique politique concrète. Globalement, le PST n’agit plus comme une seule force politique capable d’analyser le capitalisme suisse, pour ensuite appliquer cette analyse aux réalités nationales et cantonales. Les sections ne sont pas en mesure d’effectuer ce travail, car elles sont trop liées aux réalités locales qui ne leur permet pas de développer une vision globale. Ainsi, ce qui manque à notre Parti est le soutien des instances nationales à la pratique politique des sections. Les sections sont laissées à elles-mêmes face aux problèmes de fond, que seulement une structure nationale peu aider à affronter.
Le parti national doit savoir en finir avec la confusion sur qui nous sommes et ce que nous voulons. Peu de gens savent aujourd’hui ce que nous sommes et ce que nous voulons. Ceci parce que, comme nous l’avons déjà annoncé, cette ambiguïté est présente aussi à notre interne. Le vrai problème du PST, qui nécessite des réponses urgentes, est de nature opérationnelle et analytique, autrement dit il faut savoir nous redonner une ligne politique claire et unitaire, qui est actuellement trop concentrée sur le court terme.
Le militantisme dans notre Parti est devenu une lutte pour les petites causes des petites gens, qui est certes fondamentale et louable, mais aussi limitative. Nous ne sommes plus capables d’affronter les grandes causes de ces petites gens. Nous n’avons même plus l’ambition de penser à l'éventualité de changer les rapports de production, de faire la révolution. Nous sommes un Parti de résistance face aux attaques néolibérales, mais nous ne savons pas proposer des alternatives concrètes qui soient radicalement différentes des propositions socio-démocrates.
Le Comité Directeur considère que pour attaquer ce débat il faut partir des fondements de ce que nous sommes et de ce que nous voulons. En ce sens, le débat de fond doit se développer sur le sens qu’on veut donner au renforcement du Parti. Ainsi, nous considérons que le renforcement doit passer par la construction d’un parti d'inspiration communiste dans notre pays, sans que cela ne choque personne.
Pour certains camarades, il n’est pas clair si nous voulons être un parti d’inspiration communiste ou quelque chose d’autre. Mais surtout, et ceci pour tout le monde, il n’est pas clair ce que voudrait dire pour nous, être un parti qui se prétend tel. Selon le Comité Directeur, il est nécessaire de redevenir un parti à inspiration communiste, non pour autosatisfaction, comme certains l’ont insinué, mais pour ce qui concerne la pratique et l’analyse qu’on a sur la société. Certains camarades ont peur, ou aversion pour ce débat, car considéré comme superflu, comme non prioritaire. Derrière cela, il y a certainement un sentiment de méfiance vers une image caricaturale et négative du communisme. D’autres camarades ne comprennent pas la nécessité de ce débat, car pour eux l’identité communiste du PST serait évidente. En réalité, il existe un sentiment d'ambiguïté sur cette situation, par conséquent ce débat est central pour affronter à la racine les problèmes du Parti.
Malheureusement, plusieurs camarades ne veulent pas se libérer d’un poids sur la conscience, pour lequel, surtout nous - les communistes suisses - n’avons rien à nous reprocher. Souvent le débat interne est biaisé par des préjugés que nous avons des nos camarades et de leurs idées, sans être capables de les écouter parce qu’ils sont des “stalinos” ou parce qu’ils sont des “réformistes”. En réalité, il ne s’agit pas de savoir si on est des “purs et durs” ou si on est des “socio-traîtres”. Il ne s’agit pas de savoir si on veut revenir au vieux modèle de parti ou si on veut avoir un parti moderne, adapté à la réalité du XXIe siècle, car je crois que sur ce point nous sommes tous d’accord.
Le problème est bien plus concret, bien que ces étiquettes y jouent un rôle. Le débat sur le communisme, comme le CD l’étend, doit se faire de manière très concrète, il faut traiter de la capacité analytique et organisationnelle du Parti. Le concept de “Parti Communiste” a des contenus théoriques claires, qui structurent l’organisation du parti et en construisent la ligne politique. Il ne s’agit pas de créer un idéal métaphysique comme pourrait être le futur parti de “La Gauche”, vide de signification théorique tantôt pour les analyses de la société que pour le fonctionnement du Parti. Ce discours doit valoir aussi pour le parti d'inspiration communiste, qui ne doit pas être une simple étiquette ou boîte remplie de concepts dogmatiques. Quand on parle de parti d’inspiration communiste on sait qui sont les auteurs qui l’ont décrit, on sait comment il s’organise, quelle lignes stratégiques développer et surtout quels principes d’analyse sur la société il adopte.

Il y a quelque chose qui bouge, mais il faut concrétiser
Malgré ces problèmes, il est juste d’affirmer que de bonnes nouvelles commencent parfois à se faire entendre. La sortie du Parti de l’alliance “A Gauche Toute”, qui devenait le lieu où notre député national agissait en dehors de tout contrôle démocratique de la part du Parti, a certainement été le premier moment visible. Néanmoins, des signaux minimes étaient déjà présents, la fondation des nouvelles sections de Berne et Saint-Gall ainsi que le rajeunissement et la fortification de la section du Tessin en étaient des exemples. Aujourd’hui, les bons résultats électoraux de la section de Neuchâtel, ainsi que la fondation de la section des Grisons et peut-être celle de Soleure, le rajeunissement d’autres sections, le rapprochement entre le Neue PdA et le PdA 1944 et le probable lancement d’un mouvement de jeunesse du PST doivent nous donner de l’espoir que nous sommes à la sortie de la crise. Ces faits sont aussi un signal de l’évolution de la société. C’est le début d’une prise de conscience de la nécessité de dépasser les vieux traumatismes pour pouvoir lutter unis contre la société capitaliste.
Comprendre ce moment est fondamental pour le futur du Parti. Pour mieux le représenter nous pouvons reprendre une formule déjà utilisée par d’autres camarades : “il faut arrêter de jouer aux orphelins du Mur de Berlin”. Par là, on veut dire qu’il faut affronter notre passé debout, comme des adultes, sans complexe ni mélancolie, afin de construire notre futur.
Toutefois, il faut que nous traduisions ces belles nouvelles en un développement organisé du Parti et donc aussi du mouvement populaire. Nous devons construire sérieusement et avec clairvoyance notre projet de société. Cela en sachant regarder, avec suffisamment de recul, dans le passé pour pouvoir en tirer des enseignements pour le futur. Nous devons savoir analyser notre passé de manière objective, sans immiscer les sentiments et les passions, ces instruments d’analyse on les laisse aux religieux.

Comment pouvons-nous sortir de cette situation
Un parti à tradition marxiste-léniniste3, tel que nous sommes historiquement, devrait aspirer à fonctionner selon le principe de l’unité. Nous considérons que l’unité d’action et d’analyse nécessaire au parti doit être le miroir de notre projet de société. Pour nous, le collectif prime sur l’individu. Ce qu’un individu produit (en termes généraux et non économiques) dans une société est d’autant plus fort s’il collabore avec d’autres. La somme des efforts individuels ne sera jamais à la hauteur d’un effort collectif coordonné. Pour nous, il faut que la société soit, non une agrégation d’individualités, mais une communion des forces productives. Nous retrouvons ainsi le mot communisme, en commun. Comme nous l’avons annoncé plus haut, pour nous la question du communisme est centrale. Il faut absolument qu’après la Conférence Nationale, il soit clair quelle identité détient le Parti. Ainsi, comme nous l’avons déjà dit, selon le Comité Directeur, pour renforcer le Parti, il est nécessaire de redevenir un parti qui fonctionne selon les principes d’un parti communiste.

  1. Qu’est-ce que ça veut dire être un parti communiste?
La réponse à cette question doit toucher plusieurs points et surtout parler des contenus du mot communiste. Nous ne devons pas tomber dans le piège de la définition métaphysique du parti communiste, car ça serait la porte ouverte au sectarisme, à l’autoritarisme ou au dogmatisme. En effet le concept “communisme” est théoriquement très précis, mais des années d’anticommunisme ont offusqué son contenu en le liant exclusivement à des situations politiques spécifiques. Nous devons sortir de la logique défensive, qui nous veut justificateurs de notre projet politique, pour redevenir une force politique prépositive et fière de combattre le capitalisme et ses représentants. Ainsi à ce sujet il est nécessaire de poser des questions plus approfondies.
  1. Est-ce que notre Parti propose un changement radical pour un projet de société socialiste ou il veut améliorer le capitalisme petit à petit pour lui donner un visage humain?
La position qui a toujours été celle de notre Parti, est d’aspirer à l’instauration d’un système socialiste, fondé sur des bases complètement nouvelles, de progrès par rapport aux “règles” capitalistes. Ceci en renversant les rapports de force au sein de la société suisse en faveur des prolétaires. Nous considérons que cette position doit être maintenue, fortifiée et développée. Nous ne voulons pas un Parti comme un cartel électoral, dont le but existentiel est de conquérir l’espace politique à la gauche du PS. Nous voulons une organisation qui fonctionne de manière globale pour la transformation sociale. De plus, nous devons nous distinguer des mouvements “anti”, car nous ne voulons pas nous arrêter à une opposition stérile au capitalisme, mais proposer des solutions pour la construction de la société socialiste. Nous considérons qu’il est nécessaire de rompre radicalement avec le système capitaliste, parce que l’exploitation est inscrite dans sa nature même. Nous sommes pour l’organisation collective et démocratique de la société dans tous ses aspects, en premier lieu celui de la production. Un parti d’inspiration communiste est le parti qui agit pour la rupture avec le capitalisme pour l’instauration du socialisme.
  1. Quelles sont les contradictions fondamentales du capitalisme qui le rende à la fois injuste et vulnérable?
La société capitaliste comme nous la vivons aujourd’hui, et malgré les évolutions qui la différencient de celle que Marx connaissait, est fondé sur les mêmes contradictions que le fondateur du socialisme scientifique a décrit. Le mécanisme principal qui la caractérise est celui de l’exploitation d’une minorité sur la grande majorité. Cette exploitation se distingue des exploitations de type esclavagiste ou féodale par la division entre deux classes : les propriétaires des moyens de production (les bourgeois) et ceux qui leur vendent leur force de travail (les prolétaires). Dans la société capitaliste les bourgeois, avec l’excuse d’être propriétaires des moyens de production, se permettent de voler une grande partie du travail des travailleurs. Cette situation est injuste parce que c’est seulement grâce au travail des prolétaires qu’une production est possible. Toute machine, même la plus compliquée, ne pourra jamais tourner sans qu’un être humain la fasse fonctionner. Or, pourquoi le fait de tout simplement être propriétaire pourrait légitimer de voler aux travailleurs le fruit de leur activité? Il n’y a pas une raison rationnelle, mais seulement une envie des bourgeois de pouvoir continuer à profiter du travail des autres, c’est-à-dire réaliser de profits.

C’est en tant que propriétaires des moyens de production que les capitalistes exercent la fonction dirigeante dans l’organisation capitaliste du travail et de production. C’est la condition prolétarienne de l’ouvrier, par contre, son exclusion de la propriété des moyens de production, qui réduit l’ouvrier au rôle d’objet, au rôle de simple matériel dans le processus capitaliste de travail et de production et qui le prive de toute influence sur la direction de ce processus.
De la propriété des moyens de production résulte également la contradiction fondamentale du capitalisme : la contradiction entre le caractère social du processus de production et la forme capitaliste, privée de l’appropriation des produits. [...]
Le but de la production capitaliste n’est pas la satisfaction des besoins des hommes, mais le profit. L’homme et ses besoins sont absents du champ visuel du capitalisme, qui ne s’intéresse à l’homme que dans la mesure où il peut l’utiliser pour l’acquisition du profit. [...]
Or l’ouvrier produit, par son travail, une valeur supérieure au prix - représenté par son salaire - de sa force travail. C’est précisément de ce surplus de production, de la plus-value, c’est-à-dire de la part non rétribuée du travail de l’ouvrier, que le capitaliste tire son profit. Tel est le mécanisme de l’exploitation du travail salarié par le capital. Voilà pourquoi le rapport entre capitalistes et ouvriers est un rapport d’exploités.”4

Pour les communistes cette situation doit être dépassée. Ainsi nous devrions soutenir la gestion collective de la production où chacun participe selon ses capacités et reçoit selon ses nécessités. Seulement en garantissant une gestion démocratique et collective de la production, il sera possible d’éliminer l’exploitation, c’est-à-dire rendre à chacun le fruit de son travail.
Si le mécanisme d’exploitation du système capitaliste fait la force des bourgeois, la soif de profit de ces derniers en est le point faible. Le capitaliste ne voit pas la société comme un collectif qui doit vivre de manière harmonieuse, mais comme un ensemble d’individus en lutte l’un contre l’autre afin de conquérir plus de richesses possibles. Ainsi non seulement il organise l'exploitation des prolétaires, mais il se met en concurrence avec les autres capitalistes. Cette situation est la source de la contradiction fondamentale qu’il faudra alimenter pour abattre le système capitaliste. La crise actuelle en est la manifestation la plus évidente à l’époque contemporaine. Malgré tout ce que les économistes bourgeois affirment, nous ne sommes pas confrontés à une crise financière, mais à une crise de surproduction.
La soif de profit des capitalistes les amène à faire baisser les salaires des prolétaires pour garder une plus grande part de leur travail. Cette dynamique affaiblit le pouvoir d’achat des prolétaires qui ne peuvent plus acheter la production vendue par les capitalistes. Par conséquent les capitalistes n’arrivent plus à écouler la production, en faisant ainsi travailler les prolétaires sans avoir suffisamment d’entrées pour les payer. Il existe différents escamotages que les capitalistes essayent pour se maintenir en vie. Par exemple ils pratiquent la réduction des coûts de production (licenciement ou baisse de salaire). De manière plus indirecte et récente nous trouvons l’utilisation de l'endettement. On augmente de manière fictive le pouvoir d’achat des prolétaires en leur faisant des prêts à des taux “convenables”. Les prêts servent à permettre de garantir la consommation d’une surproduction. Toutefois ce remède ne peut être que temporaire, car quand les dettes deviennent tellement grandes que personne ne peut les payer, le système craque. En effet, sur le long terme il est inévitable que la crise éclate et les capitalistes plus faibles font faillite. Cette certitude dérive tout simplement du fait que la soif de profit est dans la nature même du capitalisme. Cette soif de profit se répercute sur la possibilité de réaliser ces mêmes profits, vu que plus personne ne pourra acheter ce que les capitalistes vendent.
Les sorties de la crise peuvent être de deux types, lorsque les capitalistes survivants sont suffisamment forts et les communistes pas assez préparés, ils instaurent un nouvel ordre capitaliste de type monopoliste. Néanmoins si les communistes sont bien organisés ils peuvent profiter du moment de faiblesse des capitalistes pour pousser, plus que jamais, les contradictions du capitalisme et construire un mouvement populaire pour la révolution socialiste. Notre objectif, en tant que parti d’inspiration communiste en Suisse, en ce moment de crise, devrait être précisément de forcer ces contradictions. Il ne s’agit pas de faire un discours “le pire pour mieux”. Au contraire il faut forcer les revendications pour que les contradictions du système apparaissent encore plus évidentes. Nous devons donner la possibilité aux classes populaires de croire que se défaire de l’exploitation capitaliste est possible.
  1. Qui est notre base?
En cherchant encore une fois dans la théorie marxiste, le capitalisme est pour nous le système d’organisation de la société fondé par l’exploitation bourgeoisie sur les prolétaires. Le parti d'inspiration communiste est le parti qui organise les prolétaires pour faire face à la lutte de classes. Or, malgré que ces termes puissent être vus comme dépassés, leur portée analytique est encore tout à fait actuelle. Ainsi les personnes auxquelles le Parti devrait s’adresser sont les prolétaires, mais qui sont les prolétaires? Une analyse attentive et approfondie de la structure de la société est nécessaire pour répondre à cette question de manière précise. Toutefois nous pouvons justement reprendre la formule marxiste classique comme base sur laquelle travailler. Les prolétaires sont toutes les femmes et les hommes dont le seul moyen de survie est leur propre force de travail. Les prolétaires ne possèdent ni propriété foncière ni moyens de production. Ainsi les prolétaires n’ont d’autre possibilité, à l’intérieur d’une société capitaliste, que de vendre leur force de travail à des bourgeois. Ils et elles se trouvent donc dans une situation de faiblesse, car leur vie dépend du sort que leur réserve les patrons. Il est évident que l’idée de prolétaire ne doit pas être assimilée à l’ouvrier de type “fordiste” des grands établissements industriels. Aujourd’hui, mais peut-être déjà depuis quelques années, les formes de conditions prolétariennes sont certainement multiples. Nous devrons ainsi être capables d’en définir les caractéristiques précises, afin de savoir interpréter les formes de lutte plus adéquates.
  1. Quelle est la stratégie à suivre pour atteindre notre objectif, le socialisme?
Le parti d’inspiration communiste devrait être le parti qui travaille pour unir les prolétaires dans un seul mouvement. L’unité des prolétaires est la seule manière pour eux de se défaire de la bourgeoisie, c’est-à-dire gagner la lutte de classes. L’arme la plus puissante de la bourgeoisie est la concurrence entre les travailleurs, car tant que ceux-là n’arrivent pas s’accorder à quel prix vendre leur force de travail, un dumping sur ce prix existera et tendra à le réduire. Cependant au moment où les prolétaires arrivent à contracter le prix de leur force de travail, ils pourront se rendre compte qu’ils ne doivent rien du tout aux patrons. Cette prise de conscience doit être le but du parti d’inspiration communiste. En effet, il faut que l’unité des prolétaires soit précisément orienté à cette fin, car si la fin dévient la gestion de la société bourgeoise elle perd tout son sens et dévient, parfois, même réactionnaire. Pour nous le parti d’inspiration communiste devrait être le parti qui se propose donc de développer la conscience de classe parmi les prolétaires, afin qu’ils comprennent leur situation d’exploitation, en sortant de leur situation d’aliénation et pour qu’ils s’engagent dans la lutte contre le bourgeois. Ainsi il est important de souligner encore une fois que la base du parti ce ne sont pas les électeurs, ni les sympathisants. La politique du parti doit s’orienter vers les prolétaires et doit toujours tenir compte de l'opposition entre eux et les bourgeois.
Afin de gagner la confiance des prolétaires le parti d’inspiration communiste doit s’engager pour développer le conflit social. Par là nous entendons identifier les moyens que la bourgeoisie utilise pour exploiter les prolétaires afin de les dénoncer et les combattre. Cette lutte servira premièrement aux communistes pour démontrer aux prolétaires leur engagement auprès d’eux et à en gagner la confiance. Deuxièmement, les victoires dans les luttes concrètes permettront de limiter la concurrence entre les classes populaires et faciliter l’union contre les seuls responsables de leur exploitation, les bourgeois. Troisièmement, la présence dans les conflits sociaux est fondamentale pour les communistes afin de faire passer la prise de conscience des prolétaires. En conclusion, le développement du conflit social doit se faire en fonction du développement de la lutte de classes.
La lutte de classes est le combat qui va permettre aux prolétaires de conquérir le contrôle des moyens de productions et donc l’organisation de manière collective et démocratique de la production et de la société toute entière.
  1. Comment pouvons-nous nous organiser pour prôner nos luttes?
Le parti d’inspiration communiste devrait savoir interpréter les situations d’exploitations des prolétaires pour pouvoir en organiser les luttes. Un des lieux priviligiés où combattre l’exploitation capitaliste sont certainement les institutions bourgeoises. La présence des communistes dans les parlements et avec beaucoup de précaution dans les exécutifs est une partie centrale de l’activité d’un parti qui opère dans un cadre démocratique libéral. La participation aux institutions doit être un élement pour dénoncer et combattre l’exploitation y compris avec des positions réformatrices. Néanmoins cette participation doit avoir, comme nous l’avons déjà souligné plus haut, trois finalités: démontrer aux prolétaires qu’ils peuvent compter sur nous, lutter pour limiter la concurrence entre les prolétaires et développer la conscience de classe. Ces trois orientations de la lutte doivent être nos objectifs stratégiques et ils doivent se développer de manière à former un tout. Si l’activité parlementaire se résume à l’amélioration du capitalisme nous serions un parti socio-démocrate.
Toutefois il est fondémental que l’action des communistes se développe aussi en dehors du cadre institutionnel, c’est même plus important. Il faut que les communistes travaillent pour les trois objectifs stratégiques dans tout le tissu social. Il faut que les communistes soient présent dans les associations d’intérêts collectifs, dans les syndicats, dans les établissements scolaires, partout où il y a des contradictions du système capitaliste. Il est donc possible que les communistes doivent s’engager pour créer ces lieux d’aggregation pour faire face à des facettes de l’exploitation. Il s’agirait par exemple de développer des coopératives pour l’echange directe entre petits producteurs et consommateurs, en écartant la spéculation des grands distributeurs.
L’utilisation des mass-média doit être prudente, nous ne pouvons pas croire que la presse bourgeoise nous laisse gagner nos luttes à travers eux. Nous devons comprendre que le seul appui sur ces moyens de communication ne nous permettra pas de créer une véritable conscience de classe. Pour cela nous devons souligner l’importance de nos journaux et de nos sites internets qui doivent être soutenus et développées.

Conclusions
La construction d’un parti d’inspiration communiste, comme objectif général que nous devons nous donner, est un processus qui va se structurer et se redéfinir avec les expériences pratiques. Le Parti devra interagir avec le contexte de manière dialectique pour ajuster en continuation ces pratiques à la réalité changeante. Néanmoins ce processus doit garder comme objectif les fondements du sens de notre lutte, c’est-à-dire le dépassement de l’exploitation capitaliste. Il faudra être novateur ou réformateur sans tomber dans le réformisme ou le révisionnisme. Le Parti devra savoir dialoguer avec les prolétaires, non pour reprendre de manière populiste le sens commun alimenté par la bourgeoisie, mais pour interpréter et comprendre les conditions d’exploitation qui s'instaurent dans la société. Nous devons être un parti à l’écoute des classes populaires, un parti ouvert, mais capable d’expliquer par ses propres moyens les situations d’exploitation.
La tâche que nous nous proposons avec ce document n’est certainement pas un projet facile. Nous sommes conscients de notre ambition, mais nous sommes révolutionnaires, c’est dans notre nature de l’être. Cette ambition ne doit pourtant pas devenir arrogance, nous n’avons pas toutes les réponses à toutes les questions. Nous devons savoir étudier avec humilité et constance nos conditions de vie et de militants en sachant faire une autocritique quand cela dévient nécessaire. Le militant communiste doit être l’exemple pour les autres, son attitude et son comportement sont le reflet de son projet politique. Ainsi le militant communiste doit être capable de discuter avec respect, même avec ceux qui ne se sont pas d’accord avec lui. Il doit être le militant plus actif, plus constant, plus studieux.
Nous ne devons pas développer la conscience de classe à travers le folklore, mais en expliquant nos points de vue pour que cela soit compris dans leur sens le plus profond. Seulement de cette manière la construction d’un parti d'inspiration communiste sera possible et les fruits en seront durables. Nous devons savoir nous rapprocher de manière plus concrète aux classes populaires, afin que chaque prolétaire comprenne le sens profond de notre lutte. Sans diluer nos idées et notre identité par peur de ne pas être compris, nous devons militer à côté des classes populaires, des prolétaires. Nous devons être leur organisation politique qui les guide vers l’unité et la révolution socialiste.


1 A remarquer que cette formulation est le sous-titre des programmes du parti jusqu’en 1971

2 Pour faciliter la lecture le nom du Parti sera écrit seulement PST, ce choix ne veut en aucun cas oublier que des sections du Parti portent le nom de Parti Ouvrier Populaire.

3 Pendant longtemps dans nos statuts figurait dans l’article premier que nous étions d’inspiration Marxiste-Leniniste.

4 Programme du PST-POP approuvé au VIIe Congrès le 16-18 mai 1959.