Préambule
Le
Comité Directeur, lors de la séance du 14 novembre, a décidé de
me confier la rédaction d’un rapport relatif à la situation de la
gauche radicale en Suisse, cela en relation avec le congrès
fondateur du mouvement “La Gauche - Alternative Linke - La
Sinistra” et aux discussions faites en son sein. Après un long
débat, nous avons enfin pu faire une revue complète des situations
cantonales et nationale sur la proposition de créer une nouvelle
force à gauche du PS.
Quelques-uns
de nos militants s’y sont engagés dès le début, d’autres ont
été très critiques. Le Parti ne s’est pas encore ouvertement
confronté à ce sujet. Le Comité Directeur a estimé qu’il
fallait nous laisser un peu de temps pour pouvoir mieux comprendre la
situation politique et les forces en jeux, tant au niveau national
que cantonal. Il a aussi préféré ne pas réagir immédiatement,
pour éviter d’alimenter des rumeurs soutenues - encore il y a
quelque semaines - par beaucoup de suppositions et peu d'éléments
concrets. Ce qui était sûr dés le début, c’est qu’il y a une
certaine hostilité de fond envers le PST à l’origine de ce
mouvement, notamment de la part de ceux qui, en tant que membres ou
ex-membres du Parti, en annoncent déjà la mort.
Ce
document veut proposer une façon de réagir à cette réalité
nouvelle de manière réfléchie et en se basant sur des informations
sûres. C’est-à-dire que nous avons jugé avoir assez éléments
pour discuter l’évolution du panorama de la gauche radicale en
Suisse. Nous devrons donc élaborer un plan stratégique pour guider
nos comportement futurs vis-à-vis de cette organisation.
Réflexions
stratégiques
Le
projet de La Gauche consiste en une proposition qui s’insère dans
un débat stratégique pour la construction de l’unité de la
gauche radicale. Le bilan que nous avons pu tirer des différentes
situations cantonales et aussi de la situation au niveau national
nous dit qu’une très grande confusion existe par rapport à la
forme qui doit prendre ce mouvement. Néanmoins le mouvement semble
attirer les sympathies d’un certain nombre de militants de la
gauche radicale et de personnes sans parti. Dans les journaux et à
la télévision nous avons vu l’annonce de la création d’un
nouveau parti, toutefois dans la pratique la situation est bien
différente, il ne faut pas se laisser tromper par les médias. Ils
ne disposent pas encore de sections cantonales et de statuts, tout
comme un programme politique. Il faut faire présent montrer que la
volonté des leaders et la mise en scène des médias ne
correspondent pas forcement aux volontés de la base, qui demande
justement une unité dans les luttes plutôt que les beau mots qui
doivent encore se transformer en pratique. La crainte de beaucoup, à
la fois dans le Parti et en dehors, est que les souhaits de la base
ne soient trompés par une manipulation d’en haut de la part de
certaines personnes charismatiques. Notre Parti, qu’il le veuille
ou non, se trouve dans la condition de devoir réagir à cette
réalité nouvelle. Face a une telle situation, nous devons nous
demander :
UNITE:
POURQUOI?
- Il faut déterminer les priorités politiques par rapport à notre projet de société et au contexte actuel. Il faut donc mettre face à face notre projet avec la solution proposée par La Gauche, et cela en tenant compte des débats politiques actuels internes et externes au Parti. Par exemple, il faut se demander si en cette période de réaction, avec des prévisions inquiétantes par rapport à la politique raciste soutenue par la droite nationaliste, nous devons nous attaquer au PS et aux Verts comme le fait La Gauche, en appelant aux déçus de ces deux partis. En effet, malgré leur orientation, au mieux social-démocrate, il est peut-être nécessaire de s’allier avec eux dans un front “anti-fascistisation”.
- De plus nous n’adressons pas notre politique aux militants des autres partis, nous ne cherchons pas à gagner la bataille d’appareil, mais de mobiliser les exploités contre un système injuste. On ne veut pas préserver “les idées de gauche”, mais lutter pour les intérêts des classes populaires. Autrement dit, nous voulons faire de la politique avec la population et pour la population et non pour notre petite maison. L’unité doit servir à ce but.
- Le Parti est en train d’effectuer (poursuivre) une discussion sur son identité et sur le projet politique qu’il propose. Il s’agit d’une décision du dernier Congrès (celle de réécrire le programme) et d’une forte volonté du Comité Directeur actuel. On estime qu’il faut trouver une unité idéologique au sein du Parti au plus vite, cela dans le but de les faire revenir à une pratique politique plus incisive et plus cohérente envers notre objectif final, le socialisme. Nous avons la nécessité, surtout en ces temps de crise, de trouver une pratique commune dans la construction du mouvement populaire. Nous devons au plus vite comprendre comment mener une vraie politique qui sache proposer et revendiquer le mieux pour les classes populaires. Pour que la crise actuelle soit la fin d’un cauchemar et non le début d’une autre période d’austérité .
UNITE
AVEC QUI?
- Le Parti Suisse du Travail a 65 ans d’histoire. Qu’il s’interroge sur la possibilité d’appuyer ce mouvement doit être compris à l’intérieur comme à l’extérieur du Parti. Il ne s’agit pas de sauvegarde d’intérêts individuels ou utopiques, mais de cohérence et sûreté dans la continuité du “mouvement pour le socialisme”. Déjà trop de fois des mouvements nouveaux se sont effondrés sur les organisations déjà existantes en les affaiblissant ultérieurement après beaucoup d’euphorie. Il ne s'agit pas non plus de sectarisme, mais d’une discussion légitime, qui est sincèrement guidée par une volonté de renforcer notre projet politique. Celui-ci n’est pas le Parti fétiche, mais une envie révolutionnaire de changer cette société dans la profondeur pour construire le socialisme.
- La décision du congrès de 2006 à Genève et l’article 1 des statuts sont très clairs et ils n’ont jamais été contestés : “Le PST coopère avec des organisations, des mouvements et des personnes qui visent des buts généraux ou particuliers convergents aux siens” 1. Néanmoins, ces coopérations doivent objectivement être en faveur des classes populaires. Il faut que l’unité ne se fasse pas dans le vidage du contenu politique, mais dans un projet politique concret pour la construction d’un mouvement populaire.
UNITE:
COMMENT?
- Une unité construite sur des promesses et des espoirs est peut-être passionnante, mais il faut quelle puisse aussi garantir une unité réelle et concrète dans la lutte. Il s’agit là d’un élément fondamental pour la survie et le renforcement du mouvement. Il faut qu’elle nous donne la force de gagner la lutte contre l’exploitation des puissants, les actionnaires et les managers et leurs sous-fifres. Cela implique la reconnaissance d’un certain nombre de points en commun au niveau idéologique et stratégique. Il faut s’unir non pas sous un slogan (La Gauche), mais à partir de propositions politiques concrètes, d’une manière d’analyser et concevoir la société et surtout en suivant un même objectif. Par conséquent, sans débat politique approfondi, la construction de l’unité resterait une chimère, ou peut-être un nouveau slogan électoral, ce qui serait véritablement dommage.
- Bien qu’il ne faille pas oublier les fortes tensions qui existent entre certains camarades promoteurs de La Gauche et les représentants des instances nationales du Parti, il ne faut pas empêcher le dialogue. Ces hostilités sont certainement dues à des sensibilités politiques différentes, ce qui est indéniable, mais elles sont souvent alimentées par des préjugés et des stigmatisations. Il est nécessaire de savoir affronter ouvertement ces questions, pour que l’unité puisse se construire avec des fondements politiques cohérents et profonds. Il faut dépasser les polémiques pour commencer à parler de politique, car c’est seulement en suivant cette voie que nous pourrons un jour créer un accord commun. Tant que le débat ne sera pas libéré de préjugés et personnalismes, trop d'énergies seront gaspillées, nous ne pouvons pas le permettre. Nous ne refusons jamais la discussion politique à priori, mais elle doit se fonder sur le respect mutuel.
Comment
faire par la suite
Ces
principes sont le fil conducteur de la tactique que le Comité
Directeur a choisi jusqu’à présent pour réagir à l’annonce de
la volonté de fonder La Gauche. Je propose de continuer à les
suivre dans les prochains mois.
Je
demande que le Comité Central du 28 novembre 2009 donne mandat au
Comité Directeur de répondre aux éventuels contacts de la part de
La Gauche en suivant les principes énoncés plus haut. Cela sera
fait en consultant constamment les sections et en présentant un
nouveau rapport devant le Comité Central du 6 mars.